C'était en quelque sorte tapis rouge pour l'ancien ministre de l'Economie, venu à Alger pour étoffer sa stature internationale et marquer davantage son intérêt pour le bassin méditerranéen après des visites en Tunisie et au Liban.
M. Macron a été reçu avec les honneurs, à l'image de son cortège de voitures officielles guidées par des gyrophares qui a serpenté à grande vitesse dans les rues encombrées d'Alger.
Il a passé deux longues heures d'entretien avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le ministre de l'Industrie et des Mines Abdessalem Bouchouareb, qui ont largement débordé du programme initial.
Ces deux personnages clés de l'Etat algérien sont visiblement attentifs au parcours du candidat d'En Marche !, porté par des sondages favorables en France. Et M. Bouchouareb connaît bien M. Macron, qu'il a plusieurs fois rencontré lorsque ce dernier était à Bercy et qu'il a chaleureusement embrassé au moment de se séparer.
"Emmanuel vient en ami, il vient aussi comme quelqu'un qui a aussi contribué à ce partenariat d'exception que nos deux pays sont en train de construire patiemment mais résolument", glisse en écho Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères, qui a lui aussi devisé avec l'ex-ministre de l'Economie à son arrivée à la mi-journée.
Dans son marathon institutionnel et un peu au pas de course en raison du retard accumulé, M. Macron a également rencontré la ministre de l'Education Nouria Benghebrit et celui des Affaires religieuses Mohamed Aissa.
Durant ces entretiens, Emmanuel Macron a rappelé l'importance des relations historiques entre France et Algérie, qui se regardent d'un bord à l'autre de la Méditerranée.
'Pont vivant'
"Il est évident que compte tenu du rôle que joue l'Algérie dans notre histoire, dans notre pays, dans notre avenir et dans celui du Maghreb, il est indispensable durant une campagne présidentielle de venir faire une telle visite. Pour mesurer à chaque instant le poids du passé et avoir un discours volontariste sur l'importance de l'avenir", a souligné M. Macron.
Evoquant le "très long passé" entre France et Algérie dans lequel "on s'est parfois collectivement empêtré", le candidat à l'élection présidentielle a appelé à le "dépasser pour construire un avenir".
"J'appartiens à une génération qui n'a pas connu la Guerre d'Algérie (1954-1962, ndlr) mais (...) qui ne peut pas vivre sans. Cela fait partie de notre viatique", a relevé M. Macron, tout en appelant à "donner encore plus de densité au partenariat entre la France et l'Algérie".
Dans cette perspective, il a déroulé plusieurs "axes de développement stratégique", parmi lesquels le renforcement de la coopération "sur le plan diplomatique et sécuritaire", notamment en "Libye d'une part (...) et au Mali d'autre part".
"Nous avons besoin d'aider l'Algérie dans la diversification de son économie", a également souligné M. Macron. Nous sommes ici dans le premier pays potentiellement au monde de l'énergie solaire. Nous avons la volonté que la France prenne le leadership mondial sur ces technologies et sur cette transition énergétique".
"Enfin, il y a nos relations consulaires, culturelles, linguistiques et scientifiques", a dit l'ancien banquier d'affaires, en évoquant les "millions de binationaux, d'Algériens vivant en France, qui sont un pont vivant, qui sont cette mémoire commune et parfois déchirée".
Lundi soir, M. Macron était attendu devant quelques centaines de membres de la communauté française avant deux visites plus culturelles mardi matin, à la basilique Notre-Dame d'Afrique puis au Monument du martyr, qui rend hommage aux combattants de la guerre d'indépendance algérienne.
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