Lundi le conseil exécutif du Medef a accordé son feu vert pour rouvrir la négociation, une décision très attendue par les syndicats.
Le mandat a été donné à Alexandre Saubot, président du pôle social du Medef, pour "une réforme ambitieuse, pérenne et qui permette de résoudre le déficit structurel de l'assurance chômage", selon l'organisation patronale.
Mais elle ne précise pas le contenu du mandat de M. Saubot, rappelant juste "l'impérieuse nécessité de ne pas alourdir le coût du travail" et "le besoin de flexibilité de notre économie".
Or la négociation avait échoué en juin suite au refus du patronat de moduler la taxation des contrats courts, condition sine qua non de tous les syndicats à un éventuel accord.
Après cet échec - une première depuis 1982 - le gouvernement avait dû prolonger la convention signée en 2014, mais n'a eu de cesse de pousser les partenaires sociaux à se remettre autour de la table, alors que le régime affiche un déficit de plus de 4 milliards d'euros et une dette record de 30 milliards.
En novembre, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, s'était montrée favorable à un système de bonus-malus sur les contrats courts "qui coûtent à l'Unédic 6,2 milliards d'euros et génèrent une précarité pour les demandeurs d'emploi".
Syndicats et patronat ont repris langue en décembre mais dans un cadre informel pour établir un "diagnostic partagé" sur le marché du travail et le régime d'assurance chômage. La dernière des réunions est prévue mercredi et une décision doit être prise à son issue.
"On a senti quelques velléités patronales pour prolonger les discussions au-delà du 15 février mais pour les syndicats il n'en n'est pas question: soit on rouvre les négociations, soit on arrête", a déclaré à l'AFP Denis Gravouil, négociateur de la CGT.
Explosion des CDD de moins d'un mois
Diverses études d'experts ont été présentées lors des réunions, dont plusieurs sur les contrats précaires, qui "ont montré que c'est bien le coeur du problème", selon Eric Courpotin, de la CFTC. Une étude de l'Unédic a notamment révélé que le nombre de CDD de moins d'un mois avaient fortement augmenté en 15 ans, passant d'un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions.
Dans un communiqué, l'U2P (ex-UPA) a immédiatement écarté lundi la "piste d'une taxation des contrats courts qui sont indispensables à de nombreuses entreprises de proximité".
En revanche, elle propose de "mettre à contribution les plateformes dites collaboratives ainsi que l'ensemble des entreprises qui ont recours à des microentrepreneurs en lieu et place de salariés".
Selon Le Figaro et L'Opinion, les négociateurs patronaux ont proposé d'expérimenter une taxation, temporaire, uniquement sur ces contrats très courts.
Mais cette piste n'est "pas acceptable", a réagi Christian Nibourel, président du Groupement des professions de service (GPS), qui regroupe 25 fédérations patronales (hôtellerie-restauration, banque-assurance, services informatiques...): "ce serait contreproductif pour des secteurs dont les modèles économiques ne permettent pas de se passer de ces contrats".
Plusieurs syndicats ont dénoncé la volonté d'une partie du patronat de "jouer la montre" avant l'élection présidentielle, en espérant qu'une nouvelle majorité au pouvoir accède à leurs revendications, notamment la dégressivité des allocations chômage promise par François Fillon.
Le candidat d'En Marche !, Emmanuel Macron, souhaite pour sa part confier la gestion de l'Unédic à l'Etat.
"Nous, on a envie que les négociations repartent, ne serait-ce que pour envoyer un signe à nos politiques pendant cette campagne, dire +on est capables de gérer+", a commenté M. Courpotin.
"Au vu des programmes des candidats à la présidentielle, il y a urgence à préserver le système paritaire de l'assurance chômage", a renchéri Michel Beaugas, pour FO.
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