"Il y a une manifestation pacifique et ça se termine comme ça", a déploré le maire Stéphane De Paoli (droite), dressant un état des lieux dimanche matin dans les rues de sa commune.
"Amer, très en colère", il montrait les dégâts tout autour: carcasses de voitures calcinées, vitrines explosées, pavés et projectiles au sol. "Ca va chiffrer très très fort", a-t-il affirmé à l'AFP.
A la gare routière, tous les abribus ont été cassés. Quelques pas plus loin, la vitrine du McDo a disparu, l'intérieur complètement saccagé.
La manifestation avait pourtant débuté dans le calme samedi après-midi, des orateurs se succédant au micro pour dénoncer les violences policières et le sort de Théo, qui a indigné dans les quartiers comme dans la classe politique. Ce jeune homme noir de 22 ans reste hospitalisé après le viol présumé qu'il a subi lors d'une interpellation brutale le 2 février.
Mais après quelques jets de projectiles en direction des forces de l'ordre, les quelque 2.000 manifestants ont été débordés par des "casseurs".
Odeur âcre de gaz lacrymogène et vacarme de grenades assourdissantes, les manifestants sont progressivement partis, laissant le terrain à des jeunes "violents et très mobiles", selon la police, qui ont défoncé des vitrines et incendié des poubelles et quatre voitures, dont un camion technique de la radio RTL.
Après la fin du rassemblement, des incidents isolés se sont poursuivis jusqu'à minuit environ, à Bobigny et dans les communes proches, a expliqué une source policière. Au total, 37 personnes ont été interpellées.
Sauvée des flammes
Au milieu du chaos samedi à Bobigny, un adolescent de 16 ans a sauvé une petite fille restée, terrorisée, dans une voiture prise à partie par des jeunes incendiaires.
Venu manifester par solidarité avec Théo --"ce qui lui est arrivé aurait pu m'arriver" a confié Emmanuel Toula au Bondy blog--, il s'est éloigné quand la manifestation a commencé "à partir en vrille".
Il a vu des jeunes mettre le feu à une poubelle, juste avant l'arrivée d'une voiture, dont le capot a commencé à prendre feu. Une mère de famille affolée en extrait son garçon "de deux ans maximum" mais une fille de cinq ou six ans, en manteau rose avec des tresses, reste "tétanisée" à l'intérieur.
"J'avais peur, j'imaginais que la voiture pouvait exploser à tout moment", dit-il. Mais "je ne pouvais pas laisser une petite comme ça. Surtout qu'autour, il y avait des passants et que personne ne faisait rien".
Il emporte l'enfant dans ses bras avant de la confier à un gendarme.
Ensuite, "la voiture a été retournée par des casseurs et a fini carbonisée", a confié un jeune policier témoin de la scène au Bondy blog.
La préfecture de police (PP) a salué dimanche "le courage" du jeune sauveteur, éteignant un début de polémique sur les réseaux sociaux, où certains s'indignaient que des policiers s'attribuent la gloire d'avoir épargné l'enfant des flammes.
La PP avait indiqué samedi soir que "des effectifs de police ont dû intervenir pour porter secours à une jeune enfant se trouvant dans un véhicule en feu".
"Nous n'avons jamais déclaré" avoir sorti l'enfant de la voiture, soulignait-on dimanche à la PP, une source policière précisant que les forces de l'ordre avaient simplement "aidé à chercher ses parents juste après qu'elle a été sauvée".
Samedi d'autres rassemblements réclamant "justice pour Théo" ont eu lieu à Rouen, occasionnant quelques dégâts et deux interpellations, mais aussi à Toulouse et Nantes sans incident.
Des scènes de violences urbaines se produisent, chaque nuit, depuis une semaine dans plusieurs villes de Seine-Saint-Denis.
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