Des milliers de militants retenaient leur souffle avant l'annonce des résultats d'un vote sur le programme du parti, attendue vers 14h00 (13h00 GMT) qui sera déterminante pour l'avenir du parti issu du mouvement des "Indignés".
Frère du grec Syriza, Podemos est né en janvier 2014 pour dénoncer les politiques d'austérité et la corruption de l'establishment. Il a vécu jusqu'en 2016 une ascension fulgurante dans un pays traversé par une crise économique sans précédent.
C'est désormais la troisième force politique en Espagne. Unidos Podemos, sa coalition avec l'écolo-communiste Izquierda Unida, dispose de 71 élus au Congrès des députés sur 350 et dirige, dans le cadre de plateformes citoyennes, des villes comme Madrid ou Cadiz.
Mais la guerre fratricide le fragilise.
Elle sera tranchée dimanche par les quelque 450.000 militants, appelés à voter pour renouveler la direction du parti (le "conseil citoyen"), son secrétaire général (deux candidats: un élu andalou peu connu, Juan Moreno Yagüe, 44 ans, et Pablo Iglesias) et le programme politique, notamment.
Pablo Iglesias, 38 ans, et Inigo Errejon, 33 ans, tous deux professeurs de sciences politiques, s'affrontent ouvertement depuis des mois sur la stratégie à suivre pour atteindre le pouvoir.
Le premier, qui a oeuvré en faveur de l'alliance avec les écolo-communistes, a présenté un programme privilégiant le "combat dans la rue", l'alliance avec les organisations sociales qui ont réussi à rassembler des millions d'Espagnols dans les rues d'Espagne, des "marées citoyennes" pour réclamer plus de droits.
Le deuxième, qui a longtemps écrit ses discours et dirigé les campagnes, veut polir l'image du parti pour "faire moins peur" et attirer les électeurs socialistes: une option plus "transversale", selon lui.
Errejon souhaite travailler davantage au Parlement et nouer des alliances éventuelles avec les socialistes avec lesquels Unidos Podemos peut mettre le parti conservateur en minorité au Congrès.
Ses partisans et ceux d'un troisième courant "anticapitaliste", veulent aussi une plus grande décentralisation du pouvoir, trop concentré selon eux dans les mains de Pablo Iglesias, accusé d'avoir orchestré avec son entourage des "purges" d'opposants.
'Unité, unité, unité'
Samedi, des milliers de militants rassemblés au Palais des congrès de Vistalegre à Madrid, ont crié "unité, unité, unité", à chaque apparition des deux dirigeants, semblant leur intimer l'ordre de s'entendre.
Ils pourraient le faire en votant à la fois pour l'un et pour l'autre: Pablo Iglesias serait ainsi presque assuré d'être élu secrétaire général à nouveau.
Mais les résultats pourraient être beaucoup plus serrés sur le programme et sur la liste pour la direction du conseil citoyen, l'organe de direction.
"Les résultats risquent d'être difficiles à interpréter", concédait dimanche matin un membre de Podemos sous couvert de l'anonymat.
Pablo Iglesias a d'ailleurs menacé de démissionner si son programme n'était pas retenu, ce dont Inigo Errejon ne veut pas entendre parler.
"Il faudra une négociation après le congrès et personne ne sera en trop", a déclaré jeudi à l'AFP la numéro trois de Podemos, Carolina Bescansa, qui a quitté la direction pour dénoncer ces divisions "toxiques".
"Je crois que tout le monde va finir par intégrer la nouvelle direction", espérait samedi après-midi dans une déclaration à l'AFP un des candidats de la liste de Pablo Iglesias, Alberto Gavín, âgé de 37 ans: "il est impossible d'imaginer une scission... cela serait un suicide".
"J'espère que les gens avec leurs voix seront capables de résoudre ce week-end ce que la direction n'a pas su arranger", a confié Carolina Bescansa.
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