Ces violences lors d'une manifestation sont les plus meurtrières depuis qu'a débuté en 2015 un mouvement de contestation réclamant de meilleurs services publics et accusant la classe politique de corruption et de népotisme.
Ce mouvement a été interrompu en octobre lorsque les forces gouvernementales ont lancé une offensive massive pour reprendre au groupe jihadiste Etat islamique (EI) son bastion de Mossoul, dans le nord du pays.
"Les violences ont fait sept morts, dont deux membres des forces de l'ordre et cinq manifestants", a déclaré à l'AFP un colonel de la police, qui a également fait état de plus de 200 blessés.
La grande majorité des blessés sont des manifestants ayant été asphyxiés par les gaz lacrymogènes mais au moins 11 souffrent de blessures plus graves, causées par les balles et les bombes lacrymogènes.
Des milliers de manifestants, essentiellement des partisans du chef chiite Moqtada Sadr, s'étaient rassemblés place Tahrir, dans le centre de Bagdad, pour réclamer des réformes électorales avant un scrutin local prévu en septembre.
'Ils ont insisté'
Après plusieurs discours, des manifestants ont tenté par la force de franchir un cordon policier sécurisant la voie principale conduisant à la Zone verte, un secteur ultrasécurisé qui abrite les principales institutions de l'Etat, des ambassades et la commission électorale.
"Les manifestants ont tenté de traverser le pont Joumhouriya, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes pour les stopper mais ils ont insisté", a affirmé un responsable de la police.
Des correspondants de l'AFP ont vu plusieurs manifestants blessés et des images de la télévision ont montré au moins deux personnes qui semblaient grièvement atteintes à la tête.
Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a assuré qu'une enquête serait ouverte pour identifier et juger les responsables des violences.
Moqtada Sadr, devenu populaire en se rebellant contre les Américains après l'invasion de l'Irak en 2003, lutte ces dernières années pour l'adoption de réformes.
Avant la manifestation, il avait encouragé ses partisans à se rendre tout près de la Zone verte pour clamer haut et fort leurs revendications.
"Si vous voulez vous approcher des portes de la Zone verte pour affirmer vos revendications et les faire résonner auprès de ceux de l'autre côté de la clôture (...) vous pouvez", avait-il dit dans un communiqué.
Il avait néanmoins prévenu les manifestants de ne pas entrer de force dans la Zone verte, que ses partisans avaient envahie l'année dernière à deux reprises.
Moqtada Sadr, descendant d'une influente famille religieuse, a appelé le Premier ministre Haider al-Abadi à répondre à ses revendications.
'Ecouter la voix du peuple'
"Je l'exhorte à introduire les réformes dans l'immédiat, écouter la voix du peuple et se débarrasser des corrompus", avait-il lancé.
L'année dernière, les partisans de Moqtada Sadr ont manifesté maintes fois pour réclamer des réformes politiques, surtout la formation d'un nouveau gouvernement, et protester contre l'inaction du Parlement.
Un groupe moins nombreux de manifestants s'était rassemblé mercredi près de la Zone verte et plusieurs centaines de personnes avaient manifesté vendredi dans plusieurs villes du sud de l'Irak.
Les protestataires, qui appellent depuis des mois à de profondes réformes politiques, estiment notamment que la loi électorale actuelle sert les intérêts des grands partis qu'ils accusent de corruption, et jugent que la commission n'est pas indépendante.
Nos "politiciens ont créé une commission électorale basée sur des quotas confessionnels. Elle possède neuf commissaires, qui appartiennent à des entités politiques. Elle n'est pas indépendante", a déclaré Sinan al-Azzawi, un célèbre acteur irakien qui a pris part à la manifestation de samedi.
Le gouvernement Abadi a fixé les prochaines élections provinciales à septembre, date à laquelle le mandat de la commission électorale expire. Leurs résultats sont perçus comme un baromètre pour les élections législatives prévues en 2018.
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