En deux heures d'émission, Mme Le Pen a eu des mots durs contre ses deux plus sérieux adversaires pour la présidentielle, selon les sondages: "Que ce soit pour M. Fillon ou que ce soit pour M. Macron", a-t-elle attaqué, "il y a derrière tout ça une sale odeur de trafic d'influence peut-être, de conflit d'intérêts à tout le moins."
"Quand je vois que M. Fillon a été payé par Axa, je demande si, dans son programme, la suppression de la Sécurité sociale qui va évidemment bénéficier aux compagnies d'assurances, ça n'est pas aussi la contrepartie des sommes qui lui ont été versées", a-t-elle lancé.
Une référence à l'ancien Premier ministre qui a confirmé lundi que "l'assureur Axa", jusqu'à peu dirigé par son soutien Henri de Castries, "la société Fimalac", dont son ami Marc Ladreit de Lacharrière est le PDG, et "la banque Oddo" figuraient parmi les clients de sa société de conseil "2F Conseil".
Mais Marine Le Pen a eu l'occasion d'aborder de nombreux sujets: elle a parlé de sa "compassion" pour Theo, jeune homme victime d'un viol présumé lors d'une interpellation la semaine dernière à Aulnay-sous-Bois, tout en s'en prenant aux "racailles" qui "profitent de cet événement".
Elle a défendu le "travail" réel de sa secrétaire et de son garde du corps, employés comme assistants parlementaires au Parlement européen, ce que cette institution juge indu et qui lui a demandé par conséquent le remboursement de 300.000€ de salaires.
En débat avec le maire PCF de Montreuil Patrice Bessac, Mme Le Pen a aussi rendu certains maires "lâches" responsables du "communautarisme, vivier de l'islam radical" en France, les accusant d'avoir voulu "acheter la paix civile".
Elle a été confrontée, lors d'un reportage, aux conséquences éventuelles de sa politique: une mère de famille étrangère, dont les trois enfants sont de nationalité française, qui pourrait connaître des difficultés à garder son emploi avec la taxe souhaitée par Mme Le Pen sur les emplois des étrangers.
"Baguette magique"
"L'Emission politique", qui a pris le relais à l'automne du programme "Des Paroles et des Actes", était en effet l'occasion pour la candidate FN d'expliquer la philosophie de son programme dévoilé samedi à Lyon lors d'"Assises présidentielles".
Avec la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, le débat a été âpre, parfois haché autour de la composition des heures d'enseignement, du collège unique, de la politique vis-à-vis de l'enseignement privé... avec des accusations nombreuses de "mensonges".
"Vous empêchez les élèves étrangers d'accéder à l'école laïque, publique et gratuite, vous les jetez dans les bras de l'obscurantisme ou des ennemis de la république" a accusé Mme Vallaud-Belkacem. Marine Le Pen lui a renvoyé son "bilan dramatique", selon elle, et la "situation déplorable" de la France.
Invité surprise et retentissant de l'émission: Patrick Buisson, conseiller spécial déchu de Nicolas Sarkozy et avocat autoproclamé de "La Cause du peuple" dans un livre récent, qui l'a interrogée sur son positionnement politique sur le spectre droite gauche.
L'émission avait une grande importance pour Marine Le Pen, engagée dans une bataille de la "crédibilité" alors que les sondages lui prédisent une qualification au premier tour et un échec au second, elle qui suscite encore le rejet d'un large pan de la population française.
Sur l'économie, point faible de son programme avec notamment une sortie de l'euro rejetée par les Français, Mme Le Pen a défendu son "protectionnisme intelligent" et son "patriotisme économique". Elle a reproché aux journalistes leur "vision comptable".
"Vous spéculez sur des recettes hypothétiques", lui a lancé François Lenglet, évoquant des "baguettes magiques". Marine Le Pen a défendu un "projet équilibré" et le "cercle vertueux" qu'elle compte créer.
Les frontistes auront l'oeil rivé sur les audiences. L'Émission politique a jusqu'ici attiré de 1,7 à 2,7 millions de téléspectateurs.
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