Dans cette ambiance délétère était attendue d'ici la fin de la semaine une décision capitale de la cour d'appel de San Francisco, censée remettre en vigueur - ou non - le très controversé décret migratoire du nouveau président.
M. Trump a visiblement peu apprécié les confidences faites en privé par Neil Gorsuch, le brillant juriste qu'il a soigneusement sélectionné pour la plus haute juridiction du pays.
M. Gorsuch a estimé "décourageants" et "démoralisants" les récents commentaires du président raillant le magistrat de Seattle qui a suspendu l'application de son décret et malmenant le principe d'indépendance des tribunaux.
Le haut magistrat a ainsi fait part de sa consternation lors d'un entretien avec le sénateur démocrate du Connecticut Richard Blumenthal. Celui-ci s'est ensuite empressé de rendre publics ces propos.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de M. Gorsuch, Ron Bonjean, a dans un premier temps confirmé la réalité des termes utilisés par le juge conservateur de 49 ans, appelé à occuper le neuvième siège de la Cour suprême.
Mais Donald Trump, qui depuis sa prise de fonction tolère difficilement les critiques, a répliqué jeudi matin par son arme favorite, son compte Twitter.
'Enorme mensonge'
"Le sénateur Richard Blumenthal, qui n'a jamais combattu au Vietnam contrairement à ce qu'il a affirmé pendant des années (énorme mensonge), déforme maintenant ce que le juge Gorsuch lui a dit?", a questionné le président.
Dans un nouveau communiqué jeudi, le porte-parole de Neil Gorsuch a tenté de désamorcer la controverse.
Le juge Gorsuch, a expliqué Ron Bonjean, "a clairement dit dans ses discussions avec les sénateurs, y compris avec le sénateur Blumenthal, qu'il ne pouvait parler d'affaires précises et que l'éthique judiciaire lui interdisait de commenter des sujets politiques".
"Tout en précisant qu'il ne faisait allusion à aucun cas particulier, il a déclaré considérer démoralisante et décourageante toute critique de l'intégrité et de l'indépendance d'un juge", a poursuivi M. Bonjean.
Même s'il joue gros devant la cour d'appel de San Francisco, le nouveau maître de la Maison Blanche ne craint apparemment pas de se mettre à dos l'institution judiciaire, allant même jusqu'à faire pression sur les magistrats appelés à se prononcer sur sa mesure emblématique.
Dénonçant mercredi une justice "politisée", Donald Trump a fourni une explication de texte juridique pour conclure que "même un lycéen de niveau médiocre comprendrait" que les juges se devaient de statuer en son sens.
Il avait quelques jours auparavant qualifié de "pseudo-juge" le magistrat fédéral James Robart qui avait suspendu son décret anti-immigration et taxé de "ridicule" son jugement.
Sur un autre sujet polémique, Donald Trump s'en est de nouveau pris jeudi au sénateur républicain John McCain, pourtant élu de son camp.
M. Trump ne pardonne pas à cet ancien héros de la guerre du Vietnam d'avoir qualifié d'"échec" un raid mené au Yémen qui a fait plusieurs victimes civiles et s'est conclu par la mort d'un soldat américain.
Cette première opération militaire importante autorisée par Donald Trump a au contraire été "un immense succès", a affirmé Sean Spicer, porte-parole de la Maison Blanche, sans toutefois détailler les informations vitales qui auraient été collectées par les forces spéciales américaines.
McCain 'ne sait plus gagner'
"Le sénateur McCain devrait s'abstenir de ses commentaires à la presse sur le succès ou l'échec d'une mission. Cela ne peut qu'enhardir l'ennemi", a tweeté le président.
John McCain "est depuis tellement longtemps un perdant qu'il ne sait plus comment on fait pour gagner. Il n'y a qu'à voir le désordre dans lequel se trouve notre pays", a ajouté M. Trump.
Dans ce contexte de rancoeur, il n'est pas évident que la confirmation mercredi soir de l'ultra-conservateur Jeff Sessions au poste de ministre de la Justice va apaiser les esprits.
Aucun sénateur démocrate hormis un n'a appuyé cette nomination et, au sein des services désormais sous le contrôle de M. Sessions, beaucoup s'inquiètent d'une chasse aux sorcières.
La division des droits civiques du ministère américain de la Justice, qui a connu une forte expansion sous les mandats de Barack Obama, s'attend notamment à voir son influence se réduire considérablement.
Cette division a ouvert, sous l'ancienne administration, 25 enquêtes sur des services de police suspectés d'abus contre les Noirs. Les experts s'attendent à une chute des investigations de ce type sous Donald Trump.
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