Condamné mercredi à cinq ans de prison avec sursis, le blogueur de 40 ans est un habitué des procès qui ont émaillé son parcours d'avocat, d'activiste anticorruption, devenu figure de proue des manifestations anti-Poutine de 2011, prétendant à la mairie de Moscou en 2013 et désormais candidat déterminé à affronter le maître du Kremlin dans les urnes.
Dans une Russie sans opposants, Alexeï Navalny fait figure de dernier des Mohicans. Son parti, le Parti du Progrès, interdit en 2015, a été intégré à un autre parti de l'opposition, Parnas, qui n'a pu présenter que deux candidats aux élections législatives de 2016. Aucun n'a été élu.
Infatigable, l'avocat, grand blond aux yeux bleus, continue les coups d'éclat: il coupe son bracelet électronique, porte plainte contre le procureur général Iouri Tchaïka, puis contre Vladimir Poutine.
Surtout, il publie sur son blog des révélations sur le patrimoine caché, souvent exorbitant, de proches du pouvoir, qu'il accuse de corruption.
- Libéral et nationaliste -
Créé en 2012, son Fonds de lutte contre la corruption vise précisément à appuyer sur ce point faible de la Russie de Poutine, et du parti au pouvoir, Russie Unie, le "parti des voleurs et des escrocs" selon lui.
Dès 2007, il a ferraillé avec le gouvernement en achetant des actions dans des groupes semi-publics comme la compagnie pétrolière Rosneft et le géant gazier Gazprom: arguant de son statut d'actionnaire minoritaire, il exigeait la transparence des comptes.
Formé au début des années 1990 à l'université de l'Amitié des peuples, passé par le parti d'opposition libéral Iabloko d'où il a été exclu en 2007 pour ses prises de position nationalistes, il n'a eu de cesse de contester la légitimité de Vladimir Poutine, qui cultive une image de défenseur intègre des intérêts de la Russie.
Mais c'est seulement à la faveur des législatives de décembre 2011, qui vont déclencher une contestation sans précédent, qu'Alexeï Navalny va gagner en notoriété, grâce à son charisme, mais aussi à la virulence de ses prises de parole contre le Kremlin.
Libéral, Alexeï Navalny a aussi souvent participé à des rassemblements aux relents racistes tels que la Marche russe, même s'il a pris ses distances avec ce milieu ces dernières années et progressivement gommé les tonalités nationalistes de ses discours.
En septembre 2013, il obtient son premier succès électoral à l'élection municipale de Moscou. Il crée la surprise en arrivant en deuxième position avec 27,2%, juste derrière le maire sortant, l'ex-chef de cabinet de Vladimir Poutine Sergueï Sobianine, un score qui le conforte en figure de proue de l'opposition.
- Procès à répétition -
Fin 2014, ce père de famille est condamné à trois ans et demi de prison avec sursis et son frère Oleg à la même peine, mais ferme, dans une affaire de détournement de près de 400.000 euros au détriment d'une filiale russe de la société française Yves Rocher.
Alors qu'il est assigné à résidence, il lance un appel à manifester sous les murailles du Kremlin, qui "ne mérite pas d'exister et doit être détruit", suivi par des centaines de manifestants. Il est arrêté dans la rue devant les caméras de plusieurs médias.
Un mois plus tard, il passe deux semaines de prison pour distribution "illégale" de tracts.
Régulièrement entarté par des inconnus, Alexeï Navalny est souvent le sujet de reportages à charge diffusés aux heures de grande écoute sur des chaînes de télévision publiques.
Rejetant les accusations actuelles comme les précédentes, il a toujours assuré que rien ne viendrait enrayer sa motivation.
"Dès demain, le Kremlin va chanter sa mélodie, selon laquelle je n'ai pas le droit de participer à la campagne" présidentielle, a-t-il déclaré mercredi.
"Mais il y a écrit dans la Constitution qu'ont le droit de participer tous ceux qui ne se trouvent pas en prison", a rappelé l'opposant qui avait promis sur son blog, avant le procès, de continuer à "refuser d'obéir" au pouvoir.
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