Rouen (Seine-Maritime), rue du Renard, 20h30 un lundi soir. Chez Véronique et Fabien Bidaux, une dizaine de personnes se retrouve pour dîner. Ce soir, leurs aînés Camille, 22 ans, et Jean, 18 ans, dînent à la maison. Avec eux, Sagui, Aissatou, Damouda, Tarek et Mamadou, cinq des sept ados qu'ils accueillent chez eux. Ils ont trois points communs: ils sont mineurs, ils sont africains, et ils sont seuls.
Le calvaire pour arriver dans un pays où tout est différent
Comme tous les mineurs isolés qui arrivent en France, ils sont passés par la case commissariat ou tribunal pour pouvoir ensuite être placés par l'Aide sociale à l'enfance dans des foyers d'accueil. "Quand je suis arrivé à Paris, raconte Sagui, 16 ans, les policiers m'ont indiqué à la gare quel train je devais prendre pour aller à Vernon. Je me suis ensuite débrouillé pour aller au commissariat, puis j'ai été placé ici."
Ici, c'est chez Véronique et Fabien. Depuis plus de deux ans, ils accueillent des jeunes mineurs sans papiers. "Qu'est-ce qui pousse ces jeunes à faire ce choix de quitter leur pays? se demande Fabien. C'est un mystère… Il faut du temps pour que les jeunes nous racontent leur histoire, mais ça ne fait aucun doute qu'ils vivent un vrai calvaire pour arriver jusqu'en France. Et une fois qu'ils sont là, il leur faut s'adapter car tout est extrêmement différent: la culture, la langue, le climat. On n'y pense pas, mais arrivant d'Afrique, ils ne savent pas ce que signifie avoir froid par exemple."
Leur apprendre un métier qui leur sera utile
Pour leur apporter de la chaleur, Fabien et Véronique ont créé leur association Parcours d'Avenir. "Notre mission, c'est d'être pour eux le socle nécessaire qu'est la famille. On est là pour être là, c'est tout", explique Fabien. Pour le couple, pas de vacances ni de week-end, toujours un adulte dans la maison.
"Notre objectif est aussi de les intégrer, et de les accompagner dans leurs démarches administratives et professionnelles. Nous savons qu'ils auront peu de chance d'obtenir des papiers, alors nous voulons leur apprendre un métier qui leur sera utile quand ils rentreront au pays". Ils leur trouvent un apprentissage, les inscrivent à des cours de français…
La menace du refus d'asile
Comme eux, de nombreux mineurs isolés ont été accueillis à Rouen. Rien qu'après le démantèlement de la jungle de Calais en octobre, 114 jeunes ont été répartis sur la Seine-Maritime. "Mais l'arrivée des réfugiés s'est faite dès le mois de juillet et le démantèlement des campements parisiens", rappelle Danielle Boutoute, responsable du Secours populaire rouennais. En 2016, l'association a vu son nombre de bénéficiaires augmenter de 25 %.
Parmi ces personnes en difficulté, une part importante de réfugiés. "Nous comptons beaucoup d'hommes seuls, souvent originaires du Soudan, d'Érythrée, d'Afghanistan… détaille Danielle. Lorsqu'ils ont le statut de demandeurs d'asile, ils vivent dans les différents centres d'accueil de l'agglomération et perçoivent une petite allocation de quelques euros par jour. Mais cela est souvent insuffisant."
Et le besoin d'aide se fait plus durement sentir pour ceux dont la demande d'asile est refusée. "Ils se retrouvent alors sans papiers et sans abris", raconte Danielle. Une situation qui menace en particulier les 273 migrants arrivés de Calais qui, après un trimestre, risquent de voir leur dossier aboutir à une réponse négative.
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