Après une conférence de presse lundi et une "lettre aux Français" dans laquelle il livre sa "vérité", l'ex-Premier ministre sera en fin d'après-midi à Juvisy-sur-Orge pour un déplacement centré sur la sécurité et le soutien aux forces de l'ordre. Son objectif est de revenir sur les sujets régaliens et de tourner la page des affaires qui le plombent depuis deux semaines.
Mais dans son camp, le désarroi domine toujours en dépit du "replâtrage" opéré par François Fillon, même si publiquement, les ténors de la droite affichent résolution et optimisme.
"Il a réussi à remobiliser derrière lui", se réjouit mercredi auprès de l'AFP Thierry Solère, devenu l'unique porte-parole du candidat de la droite à la présidentielle.
"Mardi, lors de la réunion des parlementaires LR à son QG de campagne, il y a eu une longue salve d'applaudissements à l'issue de son discours, et hier soir, nous avions déjà près de 3.000 inscrits au meeting de Poitiers jeudi", se félicite le député de Boulogne-Billancourt.
Pour Damien Abad, député filloniste de l'Ain, "c'est important que Fillon aille jusqu'au bout. Sinon on aura le choix entre le populisme mondain de Macron et le populisme prolétaire de Le Pen", prévient-il dans Le Figaro.
Un ancien ministre se déclare "épaté par Fillon, qui a réussi à retourner ceux qui voulaient mener une fronde". "On n'a pas le choix", tempère cependant ce haut responsable. "Avec lui, on a une chance de gagner, sans lui, on a la certitude de perdre".
Officiellement, le silence est revenu dans les rangs de parlementaires inquiets. Il s'agit désormais de mener campagne. Après Juvisy puis Poitiers, sur la question du handicap, jeudi, il part trois jours pour La Réunion.
Mais un important élu local ne cache pas son "immense doute" et sa "grande inquiétude": "on ne voit pas la sortie". "On est engagés dans une spirale qui peut nous faire perdre, ajoute-t-il, il est de plus en plus difficile de reculer. La semaine dernière, on avait le sentiment que cela ne tiendrait pas, après la deuxième salve du Canard, puis on a eu la séquence de replâtrage avec la conférence de presse de Fillon. Aujourd'hui, beaucoup pensent que ça peut tenir, mais que c'est peut-être risqué que ça tienne". "Il y a deux mois, la présidentielle était imperdable, aujourd'hui on a peur d'être balayés aux législatives", conclut cet élu.
François Bayrou, qui pourrait se lancer dans une quatrième campagne présidentielle, n'y est pas allé de main morte en décrivant un candidat "sous l'influence des puissances d'argent".
"Cauchemar"
Un ancien ministre s'alarme: "les électeurs de droite sont fondamentalement déçus, on ne peut plus faire campagne sur le terrain, on ne nous parle que de ça, François Fillon a pris tout le monde en otage. On joue notre va-tout sur un mec plombé. C'est le supplice chinois, avec les unes du Canard qui s'enchaînent".
Mercredi, l'hebdomadaire satirique faisait à nouveau sa une sur des rémunérations supposées indues de l'épouse de M. Fillon.
L'enceinte de l'Assemblée nationale n'est pas épargnée: mardi, le député LR Eric Ciotti faisait une intervention sur la sécurité. Une "intervention particulièrement charpentée qui dénote un important travail, de vous-même et de vos assistants parlementaires", a ironisé le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux, déclenchant des rires jusqu'aux bancs de droite.
"A cause de notre absence de crédibilité, les électeurs se retournent soit vers un gourou, soit vers un hologramme, soit un faux rêveur", déplore un député européen, en allusion à Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon.
"Quant à Marine Le Pen et ses emplois fictifs, ça ne l'empêche pas de caracoler en tête. Et nous, on a un père la rigueur pris la main dans le pot de confiture", s'emporte-t-il.
"C'est un cauchemar", se lamente un eurodéputé républicain. "Je me pince pour me réveiller".
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