Au terme de trois jours de débats consacrés à l'étude de quelque 140 pages d'amendements, les 650 élus devraient adopter en première lecture un projet de loi donnant à Theresa May les pouvoirs de lancer la procédure de divorce avec l'Europe, sept mois et demi après le vote des Britanniques ayant décidé du Brexit.
Le projet de loi, soumis au Parlement après que le gouvernement y a été contraint par la Cour suprême en janvier, sera ensuite examiné par la chambre des Lords. En cas d'amendement, il reviendra devant les députés: c'est le "ping-pong", équivalent britannique de la "navette" en France.
L'adoption définitive du texte ne devrait pas intervenir avant plusieurs semaines, mais Theresa May a répété qu'elle déclencherait avant le 31 mars l'article 50 du Traité de Lisbonne, qui lancera deux années de négociations de sortie de l'UE.
Pour étouffer toute rébellion dans les rangs de la majorité conservatrice, la Première ministre a promis mardi que le Parlement se prononcerait sur les termes du Brexit avant le résultat final des négociations entre Londres et Bruxelles.
Mais le gouvernement a aussitôt prévenu qu'un rejet des termes du Brexit par les députés n'empêcherait en aucun cas la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
Et mardi soir, les députés ont rejeté par 326 voix contre 293 un amendement de l'opposition travailliste qui souhaitait que le Parlement se voit accorder un véritable droit de veto sur le futur accord entre Londres et Bruxelles.
Entraver la volonté populaire
"Ce sera un vote important. Il laissera le choix entre sortir de l'Union européenne avec ou sans un accord négocié" avec Bruxelles, avait déclaré plus tôt le secrétaire d'Etat au Brexit, David Jones devant la chambre des Communes.
Le député libéral-démocrate Tom Brake a qualifié l'annonce de pudique "feuille de vigne", refusant d'y voir une concession de la part du gouvernement.
Lundi, dans ce même souci d'éviter toute rébellion chez les élus conservateurs, Mme May avait mis en garde les députés tentés de voter en faveur de certains amendements visant à réduire la marge de manoeuvre du gouvernement.
"Le message est clair et s'adresse à tous: le moment n'est pas venu d'entraver la volonté du peuple britannique", a-t-elle déclaré devant la chambre des Communes, alors que certains élus de la majorité s'inquiètent de la sortie du Royaume-Uni du marché unique européen qu'elle a appelée de ses voeux.
Pour autant, si plus des deux tiers des députés se sont opposés au Brexit lors de la campagne du référendum du 23 juin, la majorité d'entre eux estiment désormais difficile de s'opposer à la volonté des électeurs, qui se sont prononcés à 52% pour une sortie de l'UE.
Lors d'un vote purement symbolique à Edimbourg, mardi soir, le parlement écossais dominé par les indépendantistes du SNP a lui voté à une majorité écrasante contre le projet de loi du gouvernement britannique autorisant Theresa May à lancer le processus du Brexit.
Mais ce vote, acquis par 90 voix contre 34, et qualifié la veille comme "l'un des plus significatifs dans l'histoire du parlement écossais depuis la dévolution" de 1998, restera sans effet.
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