Devant plus de 200 journalistes à son siège de campagne à Paris lundi, le candidat de la droite a défendu la "légalité" des pratiques qui lui sont reprochées, l'emploi passé de sa femme Penelope et de deux de ses enfants comme assistants parlementaires à l'Assemblée et au Sénat.
Le vainqueur de la primaire, qui voit sa légitimité remise en cause par l'enquête judiciaire dont il fait l'objet et par ses adversaires, doit aussi affronter le flottement manifeste dans son camp, même si officiellement les ténors Les Républicains le soutiennent.
"Rien ne me détournera des vrais enjeux de cette élection présidentielle (...), de mon devoir d'être candidat (...). Aucune instance n'a la légitimité pour remettre en cause le vote de la Primaire", a-t-il lancé lundi en direction de son camp, alors qu'en coulisses beaucoup se sont activés pour tenter de se mettre d'accord, en vain pour l'heure, sur une candidature alternative.
"C'est une nouvelle campagne qui commence" a-t-il lancé ensuite pour tenter de remobiliser des troupes déboussolées.
"Dès (mardi), je réunirai les parlementaires. Dès (mardi), je serai à Troyes" a-t-il fait valoir, promettant une "énergie décuplée" et une "détermination farouche".
Dans l'Aube, M. Fillon visitera dans l'après-midi une usine et aura un échange informel avec les salariés. Il discutera ensuite avec des entrepreneurs. Le tout accompagné de François Baroin, sénateur-maire de Troyes... cité comme "plan B" potentiel ces derniers jours.
Au même moment, l'équipe Fillon guettera aussi avec anxiété la nouvelle livraison du Canard enchaîné, dont les morasses parviennent le mardi après-midi dans les rédactions.
L'hebdomadaire satirique est à l'origine de la tempête politique dans laquelle est empêtré M. Fillon depuis deux semaines: le candidat de la droite, malgré sa victoire écrasante à la primaire de la droite fin novembre, est désormais acculé en défense.
'Un coup dans l'estomac'
Lundi, il a une nouvelle fois évoqué sa "colère froide" et martelé la "légalité" des activités incriminées.
Mais assurant "comprendre" que cela suscitait "l'émotion légitime" des Français, il a fait acte de contrition en présentant ses "excuses" pour cette "erreur": une "collaboration de confiance qui suscite aujourd'hui la défiance".
Pour expliquer son retard à riposter, l'ancien Premier ministre a argué avoir "mis du temps à reconnaître que le ciel (lui) était tombé sur la tête", les révélations du Canard lui ayant "mis un coup dans l'estomac". Difficile d'imaginer pourtant qu'il parviendra mardi sur le terrain à faire comme si de rien n'était. Jeudi déjà, il s'était éloigné du "microcosme" en se rendant dans les Ardennes, mais avait dû consacrer une large partie de sa réunion publique à répondre aux accusations.
Et des questions restent en suspens: pensant discréditer un reportage d'Envoyé spécial diffusé jeudi dans lequel Penelope Fillon disait, dans un entretien de 2007, n'avoir "jamais été réellement son assistante ni quoi que ce soit de ce genre", M. Fillon a affirmé lundi que l'auteure du reportage s'était dite "choquée" par l'utilisation de ladite interview.
"Faux", a aussitôt réagi sur Twitter la journaliste en question, la Britannique Kim Willsher, qui assure avoir seulement écrit un courriel à Mme Fillon pour lui dire qu'elle était "désolée" des problèmes causés par l'entretien.
L'emploi de Penelope Fillon par La Revue des Deux Mondes entre mai 2012 et décembre 2013 n'a pas été abordé pendant la conférence de presse, alors qu'il intéresse également les enquêteurs.
Marc Ladreit de Lacharrière, patron de cette revue et ami proche de M. Fillon, a affirmé à l'AFP que cet emploi n'avait "rien de fictif". Une façon de répondre au Monde, pour qui les enquêteurs font un lien entre son élévation au grade de grand'croix de la Légion d'honneur et l'emploi de Mme Fillon.
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