Six jours après avoir remporté la primaire socialiste élargie, M. Hamon a arpenté des terres bien connues de son ancien rival (re)devenu allié, Arnaud Montebourg, qui avait fait de l'industrie mosellane, notamment l'usine Arcelor Mittal de Florange, son cheval de bataille.
Aux côtés de la députée de Moselle, Aurélie Filippetti, compagne de M. Montebourg, M. Hamon a répété l'un de ses slogans de campagne ("proposer un futur désirable") mais cette fois complété de l'adjectif "possible".
Signe que les critiques de son propre camp sur le manque supposé de "crédibilité" de son projet ont été d'une certaine manière intégrées et que son programme était effectivement prêt à s'ouvrir à d'autres contributions, comme il l'a promis dans une optique de rassemblement. Marque aussi de la confiance qui habite M. Hamon, en nette hausse dans plusieurs sondages réalisées depuis sa victoire.
"Les relocalisations, la notion de Made in France, ce sont des idées qu'Arnaud a développées durant la campagne et que je reprends à mon compte", a ainsi glissé M. Hamon lors de son passage à Forbach, ville où Florian Philippot, n°2 du FN, avait obtenu des scores élevés lors de ses défaites aux législatives, puis aux municipales.
Dans cet ancien bassin houiller, où le Front national prospère, Mme Filippetti a d'ailleurs estimé que "la reconquête des classes populaires par la gauche" était une "priorité". "Benoît Hamon peut toucher cet électorat", a-t-elle assuré.
Plusieurs fois, le député des Yvelines a ainsi attaqué le Front national qui "ne règlera rien" et "crée du désordre", ainsi que la droite de François Fillon.
"Ce sont des projets totalement sinistres, qui postulent que tout était mieux avant, moi je pense que tout sera mieux demain, à condition que l'on s'en donne les moyens et que l'on soit volontaire", a affirmé M. Hamon.
"C'est pour cela qu'il faut aussi regarder la réalité en face", a-t-il insisté, en prenant l'exemple de la restructuration qui menace 370 postes, dont 259 en Moselle, chez le boulanger industriel Neuhauser.
Attaque sur le CICE
M. Hamon s'est rendu sur l'un des sites de production près de Folschviller, reçu par une délégation de salariés, dont il a jugé la situation "symbolique de territoires dans lesquels on a connu la désindustrialisation".
"Tout ça, c'est l'histoire assez classique de grands groupes qui décident, pour consolider leur marge, de se débarrasser d'une activité, en organisant le désinvestissement". "Sauf qu'il y a des femmes et des hommes qui sont sur ses lignes", a-t-il déploré.
L'ancien ministre de l'Éducation, qui a quitté le gouvernement fin août 2014 pour rejoindre les frondeurs sur les bancs de l'Assemblée nationale, en a profité pour épingler le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), une des principales mesures du quinquennat de François Hollande.
"On ne peut plus avoir une politique de soutien à l'économie, qui se fasse sans contrepartie", a-t-il rappelé.
"Remarquez l'année dernière l'explosion de la distribution de dividendes, au moment où l'on fait du CICE", a-t-il poursuivi. "Ça veut donc dire qu'une grande partie des aides apportées aux entreprises a servi à augmenter la rémunération des actionnaires, pas les salaires, et pas aux créations d'emploi. Moi, je juge qu'une politique comme celle-là n'est pas bonne pour le pays".
Dans cette journée marquée par une agression à caractère terroriste au Louvre, M. Hamon a également assuré qu'il ne se livrerait pas "à une surenchère électorale" sur les mesures en matière de sécurité. Tout en égrénant certaines de ses propositions, comme la "reconstruction du renseignement territorial", la nécessité d'une "coopération au niveau européen" ou la création d'un budget conjoint sécurité-défense à hauteur de 3% du PIB.
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