Dans le document publié jeudi sur le site internet du gendarme boursier américain (SEC), Snap se fixe l'objectif provisoire de lever jusqu'à 3 milliards de dollars.
Ce montant sert uniquement pour l'instant à calculer des frais d'enregistrement et il évoluera quand le nombre exact de titres et leur prix d'introduction sera fixé. Mais le fait qu'il se chiffre en milliards donne déjà une idée de l'importance de l'opération.
Les médias ont estimé que Snap pourrait atteindre une valorisation comprise entre 20 et 25 milliards de dollars.
Et ses premiers pas sur le marché seront d'autant plus suivis qu'ils pourraient servir à prendre la température et peut-être convaincre d'autres candidats potentiels pour Wall Street, comme Airbnb, Spotify ou Uber par exemple.
Ces startups très en vue partagent en effet avec Snap des valorisations très élevées, dans lesquelles certains observateurs dénoncent une nouvelle "bulle" du secteur technologique.
Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research, conseillait ainsi encore récemment de rester à l'écart de l'entrée en Bourse de Snapchat, à la valeur selon lui "hyper gonflée" comme avant lui Zynga, Groupon, FitBit ou GoPro, dont les performances boursières se sont avérées décevantes, ou pour les investisseurs spéculatifs de revendre les titres à la première occasion.
Croissance explosive, lourdes pertes
Snap, jusqu'ici très secret sur ses performances financières, a parallèlement levé le voile et confirmé une croissance explosive avec un chiffre d'affaires presque multiplié par sept l'an dernier, à 404 millions de dollars. Mais il accuse parallèlement une perte nette de 515 millions de dollars.
L'entreprise précise que la publicité est sa source quasi exclusive de revenus. Elle a d'ailleurs redoublé d'efforts ces derniers mois pour élargir son offre à destination des annonceurs, ce qui pourrait porter des recettes à près d'un milliard de dollars cette année, a estimé la société de recherche eMarketer.
Vu le délai que l'entreprise doit désormais respecter avant d'entamer son "roadshow", la tournée officielle de présentation aux investisseurs qui précède l'entrée en Bourse, Snap est désormais en position pour faire ses premiers pas sur le marché en mars.
Comme Twitter ou Alibaba avant lui, il va se lancer sur le New York Stock Exchange plutôt que sur la plateforme électronique Nasdaq, longtemps considérée comme une destination évidente pour les entreprises du secteur technologique mais à la réputation écornée ces dernières années par une série de problèmes techniques.
Une autre décision surprenante de l'entreprise est son choix de mettre sur le marché des actions qui ne seront assorties d'aucun droit de vote. Cela permettra de maintenir le contrôle effectif de Snap aux mains de ses co-fondateurs Evan Spiegel (directeur général) et Bobby Murphy (directeur technique), qui se partagent aujourd'hui 88,6% des droits de vote.
Produit de niche ?
L'entreprise d'Evan Spiegel, basée à Venice en Californie, s'était rebaptisée Snap l'an dernier, au moment du lancement de lunettes connectées et équipées d'une caméra miniature ("Spectacles"), afin de montrer qu'elle ne se limitait plus à un seul produit.
Mais son actif phare reste Snapchat, qui a acquis une grande popularité auprès des adolescents et des jeunes adultes grâce à ses messages qui disparaissent peu après avoir été vus par leurs destinataires.
C'est confirmé dans le projet d'introduction, qui précise que parmi les 168 millions d'utilisateurs quotidiens revendiqués par ce service de messagerie, la majorité ont entre 18 et 34 ans. Et l'usage tend à diminuer avec leur âge: les plus de 25 ans y consacrent en moyenne 20 minutes quotidiennes, contre plus de 30 minutes pour les moins de 25 ans.
Cela pourrait devenir un problème pour Snapchat, qui pour tenir sur la durée va devoir prouver qu'il n'est pas seulement un produit de niche pour jeunes "Millennials", surtout que de son propre aveu la concurrence déjà importante sur le marché où il opère "va continuer à s'intensifier".
Dans l'immédiat, il est considéré par beaucoup d'analystes comme l'ennemi numéro un pour Facebook, qui avait d'ailleurs tenté sans succès de le racheter il y a quelques années, et a désormais entrepris de riposter en clonant certaines de ses fonctionnalités.
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