Deux semaines après son investiture, le président nationaliste et isolationniste et son administration multiplient les déclarations diplomatiques incendiaires contre des pays rivaux ou adversaires de l'Amérique, mais aussi contre des alliés ou partenaires, comme Israël, l'Australie ou le Mexique.
L'Iran est particulièrement visé.
Au lendemain d'une "mise en garde" de la Maison Blanche à la suite d'un test de missile balistique, l'administration Trump envisage de prendre de nouvelles sanctions contre Téhéran, ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.
Ces mesures de rétorsion contre des personnes ou des entités liées au programme iranien de missiles balistiques seraient la première traduction du durcissement annoncé par Washington face à la République islamique.
En revanche, une initiative plus large contre l'Iran semble pour l'instant écartée car elle mettrait en danger l'accord historique sur le nucléaire iranien scellé en juillet 2015 entre Téhéran et les grandes puissances.
Cet accord a été la grande percée diplomatique du prédécesseur de Donald Trump, Barack Obama, qui s'était efforcé d'apaiser les tensions avec l'Iran.
Contre l'Iran, 'rien n'est exclu'
Au contraire, le président républicain a pris un ton belliqueux contre la puissance chiite: "Rien n'est exclu", a-t-il répondu à la presse à propos d'une action militaire. Téhéran a dénoncé des menaces "sans fondement, répétitives et provocatrices".
Beaucoup plus surprenant, Washington s'en est pris aussi à Moscou.
Alors que le rapprochement avec le président russe Vladimir Poutine est une priorité de Donald Trump, sa nouvelle ambassadrice à l'ONU Nikki Haley a "condamné les actions agressives de la Russie" en Ukraine. Devant le Conseil de sécurité, elle a affirmé que les sanctions contre Moscou seraient maintenues "jusqu'à ce que la Russie redonne le contrôle de la péninsule (de Crimée) à l'Ukraine".
Dans cette folle journée diplomatique, l'administration Trump a aussi pris ses distances avec Israël, l'allié historique, que le nouveau président américain n'a cessé de couvrir de louanges après les tensions de l'ère Obama.
La Maison Blanche a jugé que "la construction de nouvelles colonies" dans les Territoires palestiniens occupés pourrait "ne pas aider" à résoudre le conflit israélo-palestinien.
Donald Trump a aussi tapé sur l'Australie, l'un des plus proches alliés militaires de Washington. Il a dénoncé un accord "stupide" forgé en novembre entre Canberra et le gouvernement Obama sur l'accueil aux Etats-Unis d'un millier d'immigrés légaux migrants parqués par l'Australie dans des camps offshore.
Le 45e président américain, au programme économique protectionniste, a aussi tapé sur l'une de ses cibles favorites, l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, qu'il a qualifié de "catastrophe".
Proximité avec Poutine
Donald Trump a toutefois pris la peine d'adouber son nouveau chef de la diplomatie, Rex Tillerson, qui s'est installé aux commandes du département d'Etat et va devoir gérer immédiatement une multitude de tensions internationales.
"Certains n'aimaient pas Rex parce qu'il s'entendait bien avec des dirigeants de la planète (...) C'est une bonne chose, pas une mauvaise chose", a lancé le président, en allusion à la proximité de longue date entre l'ancien patron du géant pétrolier ExxonMobil et le président Poutine, dont M. Trump veut justement se rapprocher.
Celui qui va diriger la diplomatie de la première puissance mondiale est un ingénieur texan de 64 ans, qui a fait toute sa carrière jusqu'au sommet d'ExxonMobil et n'a aucune expérience politique même s'il est proche de plusieurs chefs d'Etat.
"Salut, je suis le nouveau gars", a lancé Rex Tillerson sous les rires de 2.000 employés du département d'Etat, un gigantesque bâtiment du sud de Washington qui pilote 75.000 personnes disséminées dans le premier réseau diplomatique et consulaire de la planète.
Le 69e secrétaire d'Etat a reconnu que la victoire du milliardaire Donald Trump n'était pas du goût de tous au sein de l'appareil d'Etat.
Allusion à l'"insurrection" bureaucratique, selon le mot d'un diplomate, qui secoue un département d'Etat réputé progressiste. Un millier de diplomates et fonctionnaires contestataires ont signé un mémorandum interne "dissident" qui dénonce le décret anti-immigration qu'a pris Donald Trump vendredi dernier et qui gèle l'entrée de ressortissants de sept pays musulmans et de réfugiés.
Pour son premier entretien de ministre, Rex Tillerson a reçu son homologue allemand Sigmar Gabriel, lequel lui a rappelé "à quel point le partenariat transatlantique était indispensable en ces temps de turbulences".
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