Des centaines de policiers ont repris dans la matinée la vaste et fastidieuse opération commencée la veille au sommet de la colline pelée et battue par les vents où vivaient les 200 à 300 habitants d'Amona, au nord de Jérusalem.
Objet depuis des années d'une bataille aux lourds enjeux humains, politiques et diplomatiques, cette colonie "sauvage" est vouée à la démolition sur ordre de la Cour suprême israélienne.
Devant les caméras qui ont retransmis les évènements en direct toute la journée sur les télés israéliennes, les policiers s'étaient empoignés mercredi avec des centaines de jeunes hommes. Beaucoup étaient venus des colonies environnantes avec la conviction inébranlable que ces terres de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, sont israéliennes selon la Bible, quoi qu'en disent les juges israéliens, les Palestiniens ou la communauté internationale.
Jeudi, entre une centaine et 200 personnes, dont une dernière famille de résidents, restaient sur les lieux, enfermés dans une synagogue et une maison d'habitation. Les policiers ont transporté un à un par les bras et les jambes les occupants de la maison, avant de s'occuper de la synagogue.
Ils étaient parvenus mercredi à grand-peine à évacuer la quasi-totalité des dizaines de préfabriqués dans lesquels s'étaient installés les colons depuis la fin des années 90.
De nombreux résidents ont attendu le dernier moment avant de partir avec un maigre bagage, laissant derrière eux les affaires qu'ils viendront reprendre plus tard. Mais les policiers se sont accrochés rudement avec de jeunes irréductibles les accusant de trahir le peuple juif, dans une grande confusion de cris, de chants et occasionnellement de jets de pierres.
24 policiers ont été légèrement blessés, 800 personnes ont été éloignées du site et 13 arrêtées, selon la police.
Les colons gagnent 'par KO'
L'évacuation d'Amona pourrait cependant rester comme le début de ce que le ministre israélien de la Défense a qualifié de "nouvelle époque" pour la colonisation.
Le Premier ministre a annoncé mercredi soir la formation d'un groupe chargé de rechercher rapidement le terrain de ce qui serait une nouvelle colonie pour les habitants d'Amona.
La colonisation s'est poursuivie sans relâche sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967. Mais aucun gouvernement n'avait officiellement annoncé de nouvelle colonie depuis 1992, avant les accords de paix d'Oslo, a dit à l'AFP Hagit Ofran, de l'organisation anti-colonisation la Paix maintenant.
C'est une "décision très grave", a-t-elle dit, tout en précisant que l'espèce de moratoire observé depuis 1992 n'avait pas empêché la poursuite de la colonisation. Soit Israël construisait à l'intérieur de colonies existantes, soit il reconnaissait rétroactivement des colonies dépourvues d'approbation officielle israélienne.
L'affaire Amona, qui était l'une de ces colonies "sauvages", a cristallisé la problématique de la colonisation à un moment charnière.
Elle a servi l'agenda du lobby des colons, jusqu'au sein du gouvernement. Elle a inspiré un projet de loi qui permettrait à Israël de légaliser 55 colonies "sauvages" et de s'approprier des centaines d'hectares de terres palestiniennes. Un pas de plus vers l'annexion de la Cisjordanie que réclament ouvertement certains ministres, selon les détracteurs du texte.
A la différence d'Israël, l'ONU considère toutes les colonies comme illégales et comme un obstacle à la paix, toujours insaisissable entre Israéliens et Palestiniens.
Tourmenté par sa droite et par les enquêtes de police qui le visent, M. Netanyahu s'est engouffré dans l'espace ouvert par l'avènement de Donald Trump, jetant aux orties la relative retenue qu'il était forcé d'observer, selon lui, sous la pression "énorme" de l'administration Obama.
Depuis la prestation de serment du nouveau président américain, Israël a annoncé la construction de plus de 6.000 logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, occupée et annexée.
M. Netanyahu n'aurait jamais osé sans l'approbation de l'administration Trump mais cette rafale d'annonces ne suffira pas à satisfaire les colons, qui réclameront encore plus, avertit le quotidien Haaretz. Sans s'être installé dans le coeur des Israéliens, "le mouvement des colons (qui fêtera son 50ème anniversaire dans cinq mois) a gagné par KO la guerre" de l'opinion publique, estime son concurrent Maariv.
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