Avec ses 330.000 habitants, ses volcans, ses glaciers et ses geysers en enfilade, l'Islande est une destination peu commune pour les réfugiés de la guerre en Syrie.
Pourtant, c'est bien ici que depuis 2015, 118 Syriens ont retrouvé un semblant d'avenir et de quiétude.
Nombre d'entre eux ont d'abord été exilés au Liban, où ils ont subsisté pendant plusieurs années, avant d'être orientés vers cette terre d'exil viking par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
La majorité est réinstallée à Reykjavík et ses alentours, quelques-uns sont accueillis à Akureyri dans le nord de l'Islande, à 70 km au sud du cercle polaire arctique.
C'est le cas de Joumaa Naser, sa femme et leurs cinq enfants.
L'Etat finance leur loyer pendant un an et leur verse une allocation pour les dépenses du quotidien. La Croix-Rouge se charge des cours de culture et d'islandais. "La langue est le principal obstacle", reconnaît Joumaa, moustache finement taillée et veste zippée sur le dos, dont les propos sont traduits par un interprète.
La rudesse du climat local? Qu'importe.
"Nous sommes capables de nous adapter à n'importe quelles conditions ici, qu'elles soient faciles ou difficiles, on peut vivre avec", affirme-t-il. "C'est seulement la langue qui est un peu compliquée. On a besoin de temps avant d'être complètement adapté".
Les jeunes Syriens dont Amjad, l'un des fils de Joumaa, apprennent la langue plus vite que leurs parents.
Se faire des amis et pratiquer les sports locaux comme le football les a aidés à s'accommoder à leur nouvelle patrie.
"J'aime l'Islande parce que c'est très beau et que les gens sont très gentils. Ici on adore la neige parce qu'en Syrie, on n'en voit pas souvent!", s'amuse le jeune garçon avant de basculer pour faire l'ange dans la poudreuse.
Enfant de l'exil
De l'autre côté de l'île, dans un quartier résidentiel de l'agglomération de Reykjavik, vivent Mustafa et Basma.
Depuis leur deux-pièces de 50 m2, moderne, sobrement décoré et à quelques pas de l'océan, le couple jouit avec gratitude de sa sécurité retrouvée, loin du tumulte de Lattaquié, port méditerranéen de Syrie d'où il est originaire.
"On a vraiment reçu un très bel accueil", raconte Mustafa Akra, 30 ans, fines lunettes sur le nez et casquette sur la tête. "Les Islandais sont gentils et c'est bon d'être ici. Bien sûr certains ne sont pas favorables à notre arrivée, mais c'est une minorité".
Hostile à l'immigration, le Front national islandais, créé début 2016 au moment des premières arrivées de réfugiés syriens, reste marginal. Il a recueilli 0,2% des suffrages aux législatives d'octobre et selon un sondage réalisé pour Amnesty International en septembre, 85,5% des Islandais souhaitent recevoir davantage de réfugiés.
"Ce n'est pas vraiment populaire d'afficher son opposition à l'arrivée de réfugiés", explique une voisine du couple, Linda Blöndal, qui les accompagne comme elle peut sur le chemin de l'intégration.
De leur terre d'accueil, les réfugiés syriens ne savaient rien ou presque avant de la fouler. "On n'avait jamais entendu parler de l'Islande avant d'arriver ici, c'est tout juste si on pouvait situer le pays!", explique Basma, qui porte le hijab.
Mustafa, un gaillard dur à la tâche, a fini par dénicher un emploi. Non sans mal, ne parlant ni islandais ni anglais.
En Syrie, il a été chauffeur de taxi, mécanicien automobile, cuisinier, peintre en bâtiment, électricien... Il travaille désormais chez Ali Baba, restaurant de spécialités moyen-orientales dans le centre de Reykjavík.
La famille va bientôt s'agrandir puisque Basma doit mettre au monde leur premier enfant, un garçon, attendu dans les prochaines semaines. "Je suis fière qu'il naisse en Islande, en sécurité et dans un pays magnifique", confie la future maman de 28 ans.
L'Islande a enregistré l'an dernier 791 demandes d'asile, émanant en majorité de ressortissants des pays des Balkans. Seuls 100 se sont vu accorder le statut de réfugié dont 25 Irakiens, 17 Syriens et 14 Iraniens.
Il y a un an, le Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson avait accueilli en personne à l'aéroport six familles syriennes arrivées du Liban. Et le chef de l'État Gudni Johannesson vient d'en recevoir cinq autres fin janvier à la résidence présidentielle.
A LIRE AUSSI.
L'Islande vote pour oublier les "années fric"
L'Islande vote pour oublier les "années fric"
Une famille syrienne de Raqa se reconstruit dans les Cévennes
L'Islande aux urnes pour tourner la page des "années fric"
Au Canada, les réfugiés syriens face à la réalité quotidienne
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.