Une dernière réunion au ministère des Transports mercredi devait marquer la fin d'un mois de médiation entre les plateformes et les chauffeurs VTC. Mais le numéro un du secteur, objet de toutes les critiques, a profité de l'occasion pour soumettre une ultime proposition.
Uber a ainsi annoncé "un dispositif financier, technique et humain d'envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté à améliorer leur rentabilité", a indiqué le groupe dans un communiqué.
Sans engagement chiffré, ni détail supplémentaire. "Les contours exacts restent à définir dans les jours à venir (...) mais nous voulons avancer rapidement et nous nous engageons à un effort considérable", a insisté Uber.
La société californienne a de cette façon devancé les recommandations du médiateur, Jacques Rapoport, qui a demandé "l'adoption d'une mesure financière de redressement" en faveur des chauffeurs d'Uber.
Car c'est la politique tarifaire d'Uber qui a conduit à la crise actuelle. L'entreprise s'était lancée en France en 2012 sur la promesse "de prix bas pour attirer les clients et de revenus élevés pour attirer les chauffeurs, en acceptant des pertes importantes", a-t-il rappelé.
Mais le vent a tourné quand la plateforme a baissé le tarif des courses en octobre 2015, avant de les relever en décembre 2016, mais en augmentant au passage sa commission sur les recettes des chauffeurs.
Une décision perçue comme une provocation, qui a déclenché un mouvement de colère à la veille des fêtes de fin d'année, marqué par des blocages sporadiques des accès aux aéroports parisiens et suspendu après la nomination du médiateur.
Pendant ce conflit, Uber avait déjà proposé de créer un fonds de soutien de 2 millions d'euros pour les chauffeurs VTC.
"proposition bidon" ou "porte ouverte" ?
"Les deux millions on n'en parle plus. Aujourd'hui Uber sort autre chose du chapeau", a réagi Jean-Luc Albert, président de l'association Actif-VTC.
Cette "pseudo-offre de Uber est un mirage, comme l'ont été les deux millions d'euros qui ont disparu", a renchéri Helmi Mamlouk, de l'association Capa-VTC
Pour la CFDT, "ce n'est pas une mesure qui vise à assainir le marché", mais "cela montre que les chauffeurs sont en difficulté, y compris les leurs", a résumé Fabian Tolosini.
L'offre est néanmoins sur la table et "compte tenu de cette proposition, qui mérite d'être creusée et débattue", M. Rapoport a décidé de "reporter de quelques jours la clôture de la médiation", quitte à remettre son rapport au gouvernement "plutôt en début de semaine prochaine".
Rien ne présage cependant d'un accord, encore moins de son succès. "Si l'action de redressement demandée à Uber est mal ou pas menée, une intervention du législateur me paraît indispensable", a poursuivi le médiateur. Il estime que l'exécutif devra dans ce cas "instituer un minimum de rémunération" pour les chauffeurs.
"Nous, on veut cette étape-là directement", car Uber va faire "des propositions +bidon+", a réagi auprès de l'AFP Sayah Baaroun, secrétaire général de l'Unsa SCP-VTC.
La CFDT juge à l'inverse que la médiation "laisse une dernière porte ouverte à une négociation responsable et constructive", à condition qu'elle soit "immédiate, avec des résultats immédiats".
D'autres pistes ont été suggérées par M. Rapoport, dont l'extension aux VTC de la détaxation partielle sur les carburants dont bénéficient les taxis.
Le médiateur a aussi préconisé que le gouvernement "fixe un temps de travail maximal" pour les VTC "au nom de la sécurité". Mais il reconnaît en même temps qu'une activité de 40 heures par semaine "ne permet pas de dégager un revenu décent". En travaillant 60 heures, un chauffeur indépendant peut dégager 1.700 euros net par mois s'il maîtrise "correctement ses charges".
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