- Qui a vu Penelope Fillon ?
Le parquet national financier a rapidement lancé des investigations dans le cadre de son enquête préliminaire, rythmée depuis une semaine par une série d'auditions et de perquisitions.
Les enquêteurs veulent notamment entendre les témoins qui pourront retracer le parcours de Penelope Fillon, embauchée pour des emplois d'assistante parlementaire de son époux puis de son suppléant entre 1988 et 2013, et salariée à la Revue des deux Mondes (mai 2012-décembre 2013).
S'ils ne l'ont pas déjà fait, les enquêteurs peuvent entendre l'ensemble des autres collaborateurs parlementaires de François Fillon et de son suppléant, Marc Joulaud. Et se diriger vers la Sarthe, fief de l'ancien Premier ministre, pour y trouver des témoins potentiels.
Ils pourraient aussi fouiller dans les emplois d'assistants parlementaires occupés par deux des enfants de François Fillon, encore étudiants, lorsqu'il était sénateur de la Sarthe (2005-2007).
- Quel rôle pour Marc Joulaud ?
Son audition, qui a démarré mercredi après-midi à l'Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (Oclciff), à Nanterre, est cruciale. Devant les enquêteurs, il devra expliquer pourquoi et pour quel travail il a rémunéré Penelope Fillon comme assistante pendant des années, à 6.900 euros brut mensuel, voire 7.900 selon le Canard Enchaîné.
D'abord suppléant de François Fillon, Marc Joulaud a occupé son fauteuil à l'Assemblée comme député de la Sarthe, quand il était ministre de 2002 à 2007. Alors que François Fillon a décrit une relation de travail très personnelle avec son épouse, comment son suppléant va-t-il justifier à son tour de ses activités ? D'après l'entourage de l'ancien Premier ministre, ce dernier a donné des explications aux enquêteurs quand il a été entendu lundi. "Ce qu'il faut comprendre, c'est que quand Joulaud l'a remplacé, le député élu c'était quand même Fillon", explique un membre de l'entourage du candidat. D'où la "cohérence" que Penelope Fillon reste à son poste, assure-t-on.
- Comment prouver un emploi fictif ?
C'est le noeud central de l'enquête. Pour effectuer cette démonstration, les enquêteurs doivent réunir des témoignages mais aussi des preuves matérielles de travail effectif. Une tâche délicate: "c'est toujours plus compliqué de démontrer que quelque chose n'existe pas", observe un magistrat.
Dans l'affaire Fillon, tous les regards se tournent vers une personne discrète, sans profession connue, dans l'ombre de son mari.
Ces derniers jours, la défense du candidat semble d'ailleurs miser sur les contours flous des activités de collaborateur parlementaire. "Faire remonter la voix du terrain, la voix des électeurs, la voix de la Sarthe", telle était notamment l'une des missions de Penelope Fillon, selon Antonin Lévy, l'avocat du candidat à la présidentielle, qui a précisé que la permanence de député de François Fillon se situait "à leur domicile", dans la Sarthe.
Elle a "corrigé mes discours", "a reçu d'innombrables personnes qui voulaient me voir et que je ne pouvais pas voir", "m'a représenté dans des manifestations et des associations" et elle "me faisait remonter les demandes des gens, les évolutions de notre société", a énuméré François Fillon. Mission difficile à quantifier.
Mardi, les enquêteurs ont mené des perquisitions à l'Assemblée nationale. Que cherchaient-ils? Des traces administratives ou numériques de l'emploi de Penelope Fillon, des bulletins de salaires, des contrats de travail... L'épouse de François Fillon ne disposait pas de badge d'entrée ni d'adresse électronique au format de l'Assemblée. De quoi accroître les suspicions. Mais c'est le cas de nombre de collaborateurs basés en circonscription, observent des sources parlementaires.
- Quel calendrier ?
Le parquet national financier reste maître du calendrier. Les investigations peuvent prendre encore plusieurs semaines et en principe, une enquête de ce type prend au moins plusieurs mois. Une fois que le parquet estimera toutes les investigations nécessaires accomplies, il prendra une décision. Trois voies seront alors possibles: un classement sans suite, si aucune infraction n'est trouvée; l'ouverture d'une information judiciaire confiée à des juges d'instruction, pour pousser les investigations; ou une citation directe des protagonistes devant le tribunal correctionnel, s'il estime que des délits sont constitués.
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