Les Etats-Unis et Israël ont accusé lundi l'Iran d'avoir effectué un nouveau tir de missile à moyenne portée, Washington demandant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour en discuter dès mardi.
Sans confirmer ni infirmer l'existence de ce tir de missile, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a dit "espérer que la question du programme défensif de l'Iran (...) ne sera pas utilisé comme un prétexte" par la nouvelle administration américaine pour "provoquer de nouvelles tensions".
Il a affirmé que "la nation iranienne n'attend pas l'autorisation des autres parties pour se défendre". Mais, a-t-il ajouté, "nous avons toujours dit que nous n'utiliserons jamais nos armes contre les autres sauf s'il s'agit de nous défendre".
M. Zarif a insisté sur le fait que le programme balistique de l'Iran n'était pas "concerné" par l'accord nucléaire de juillet 2015 conclu avec six grandes puissances, ni par la résolution 2231 du Conseil de sécurité qui l'a entériné. Une position partagée par la Russie, alliée de l'Iran.
Les missiles iraniens "ne sont pas conçus pour porter des têtes nucléaires", a répété le chef de la diplomatie.
Le chef de la diplomatie iranienne s'exprimait lors d'une conférence de presse commune avec son homologue français Jean-Marc Ayrault, en visite à Téhéran.
M. Ayrault a rappelé que Paris avait fait part à plusieurs reprises de son inquiétude quant à "la poursuite des essais balistiques" par l'Iran. Ceux-ci "entravent le processus de restauration de la confiance mis en place par l'accord (nucléaire) de Vienne", selon lui.
L'Union européenne a également exhorté Téhéran "à s'abstenir de toute action susceptible d'accroître la méfiance, comme des essais de missiles balistiques".
La Russie a pour sa part dénoncé la réunion du Conseil de sécurité comme une tentative d'"envenimer la situation". Elle a estimé que le tir d'un missile de moyenne portée par Téhéran ne constituait pas une violation de la résolution de l'ONU sur le nucléaire iranien.
Une décision 'honteuse'
La tension entre Téhéran et Washington, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 au lendemain de la révolution islamique de 1979, s'est brutalement accrue depuis l'entrée en fonction le 20 janvier du nouveau président républicain Donald Trump.
Le gouvernement iranien a ainsi décidé d'appliquer le principe de réciprocité après la décision de Washington d'interdire pour trois mois l'entrée des ressortissants de sept pays à majorité musulmane, dont l'Iran.
De nombreux Iraniens, qui sont au moins un million à vivre légalement aux Etats-Unis, se sont retrouvés bloqués dans plusieurs aéroports à travers le monde après cette décision "honteuse", selon M. Zarif.
M. Ayrault a estimé lundi soir que l'annulation du décret serait une décision de "bon sens", en dénonçant une situation "inacceptable et très pénalisante pour les personnes concernées".
Prenant le contrepied de Washington, il a également affirmé que la France voulait doubler en 2017 le nombre de visas accordés aux Iraniens, actuellement de 41.000 chaque année.
Les relations entre Téhéran et Washington sont également suspendues à la politique de M. Trump vis à vis de l'accord nucléaire, qui avait permis de lever en janvier 2016 une grande partie des sanctions internationales frappant l'Iran.
Les intentions du président américain, qui avait promis pendant la campagne de "déchirer" cet accord qu'il a qualifié de "stupide", suscitent nombre d'interrogations. Lors d'un entretien téléphonique lundi, M. Trump et le roi Salmane d'Arabie saoudite se sont déclarés pour une "application rigoureuse" de l'accord de Vienne, sans plus de détails.
M. Ayrault a pour sa part rappelé que la France était "attachée à l'accord de Vienne" dont il se veut "le défenseur".
Mais il ne faudrait "pas trop jouer avec les tirs balistiques", selon une source diplomatique française. "On est vraiment a la marge".
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