Malgré les engagements du candidat Hollande, qui avait signé le "Contrat social" de la fondation en février 2012, et une "activité législative assez dense" liée au logement pendant le quinquennat (loi ALUR, loi relative à la mobilisation du foncier public, loi pour la transition énergétique, etc.), en 2017 "le nombre de personnes confrontées à la crise du logement continue d'augmenter", selon ce rapport.
Près de quatre millions de personnes sont mal logées, (c'est-à-dire qu'elle sont soit privées de logement personnel soit vivent dans des conditions de logement très difficiles) et plus de 12 millions sont "fragilisées par rapport au logement" (locataires en situations d'impayés, propriétaires occupant un logement dans une copropriété en difficulté, etc.).
Si la fondation Abbé Pierre n'est pas en mesure de comparer strictement l'évolution, pendant le quinquennat, du nombre de mal logés, elle souligne plusieurs tendances montrant une aggravation de la situation: le nombre de personnes sans domicile par exemple (143.000 selon l'Insee) a augmenté de 50% entre 2001 et 2012. Celui des personnes contraintes d'être hébergées chez des tiers a grimpé de 19% entre 2002 et 2013. Et les personnes en situation de "surpeuplement accentué" (lorsqu'il manque deux pièces ou plus au logement) "sont de plus en plus nombreuses": +17% entre 2006 et 2013.
"Changer d'échelle"
Sur le plan de l'immobilier, "alors que le président de la République avait fixé l'objectif de 500.000 constructions neuves par an, dont 150.000 logements sociaux, on ne peut que constater à la fin de ce quinquennat que le compte n'y est pas", souligne aussi le rapport: "depuis 2012, moins de 400.000 logements sont mis en chantier chaque année, malgré une remontée de la production au cours de la dernière année du quinquennat".
La Fondation Abbé Pierre regrette également que "les expulsions locatives surviennent encore avec le concours de la force publique sans relogement, contrairement aux engagements présidentiels". Elles ont même fait un "bond spectaculaire annuel de 24% en 2015".
Parmi les points positifs, la fondation Abbé Pierre cite notamment l'encadrement des loyers qui a des "effets concrets et directs, sonnants et trébuchants, pour les ménages", et qu'il est "indispensable de renforcer".
"Des graines ont été semées et des avancées obtenues, en matière de loyers, d'orientation des attribution HLM, de gouvernance, de précarité énergétique... Mais elles ne suffiront pas face à l'ampleur du mal logement".
Pour renverser la tendance, "il faut complètement changer d'échelle", martèle Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. "Si on met en place un grand plan d'action national pour sortir les sans domicile de leur situation, on peut régler la question en cinq ou dix ans selon les territoires", assure-t-il.
Pour combattre efficacement le mal-logement, la Fondation Abbé Pierre émet quinze propositions, parmi lesquelles la production de 150.000 logements sociaux par an accessibles aux plus modestes, la mobilisation du parc privé à des fins sociales, la mise en place d'une politique plus précoce de prévention des expulsions ou encore la résorption des "passoires thermiques" (logements mal isolés).
Concernant les migrants, la fondation insiste sur la nécessité de débloquer des moyens pour les loger et les accompagner et celle d'assouplir les possibilités de régularisation, "afin d'éviter que des dizaines de milliers de personnes soient en situation de grande précarité pendant des années".
Mardi, certains principaux candidats à la présidentielle, à l'exception de Marine Le Pen avec qui la Fondation est en "désaccord profond", débattront de ces sujets à La Défense. Sont annoncés Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon.
Christophe Robert insiste: "On veut montrer que c'est possible de faire autrement".
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