L'Iran est le pays qui a réagi le plus vivement à cette décision jugée "insultante" en annonçant le principe de réciprocité aux voyageurs américains.
Aucun des six autres pays concernés (Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) n'a pris une telle mesure, et certains d'entre eux n'avaient pas officiellement réagi dimanche. C'était notamment le cas de l'Irak, dont les autorités sont fortement soutenues par les Etats-Unis dans leur lutte pour chasser le groupe Etat islamique (EI) du pays.
Mais une importante coalition de groupes paramilitaires irakiens qui participe à la bataille pour reprendre Mossoul aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) a appelé Bagdad à refuser désormais l'entrée des Américains en Irak.
"Nous réclamons que les Américains soient empêchés de se rendre en Irak, ainsi que le départ de ceux qui sont déjà présent", dans le pays, a déclaré le Hachd al-Chaabi (Mobilisation populaire) dans un communiqué.
" Une insulte "
En Iran, la presse tirait dimanche à boulets rouges sur le décret signé par le nouveau président américain: "Les Etats-Unis coupent leurs relations avec le peuple iranien", selon le grand quotidien Hamshahri; "Le mur de Trump est arrivé jusqu'en Iran", titre le journal réformateur Shahrvand, alors que le quotidien conservateur Javan dénonce "l'ordre raciste".
Pour le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, la décision de M. Trump va avoir l'effet inverse de son objectif de lutter contre le terrorisme. Car elle sera perçue "comme un grand cadeau aux extrémistes et à leurs protecteurs", a-t-il réagi dimanche dans un tweet.
"Cette discrimination collective aide les terroristes à recruter en creusant la fracture initiée par les démagogues extrémistes" alors que "la communauté internationale a besoin de dialogue et de coopération pour s'en prendre aux racines de la violence et de l'extrémisme", notamment au Moyen Orient, a-t-il ajouté.
Bien que n'étant pas concernée par l'interdiction, l'Indonésie, le pays comptant le plus grand nombre de musulmans, a également "profondément regretté" une décision qui "pourrait affecter la lutte globale contre le terrorisme". "Il est faux de lier l'extrémisme et le terrorisme à une religion en particulier", a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Arrmanatha Nasir.
Cette nouvelle politique "va causer un tort énorme à des dizaines de milliers de personnes" fuyant "la guerre et les persécutions" mais "fera peu contre le terrorisme", a estimé Hanan Salah, une experte spécialiste de la Libye à Human Right Watch (HRW).
Concernée directement puisqu'elle a été empêchée samedi soir de prendre l'avion pour les Etats-Unis, Maryam, une Iranienne de 44 ans s'interrogeait sur le choix des sept pays.
"Ils ont un problème avec les musulmans, mais pourquoi n'ont-ils pas interdit les ressortissants des autres pays musulmans comme les Emirats arabes unis, le Qatar ou l'Arabie saoudite? (…) C'est une insulte", a réagi cette femme qui avait obtenu sa "carte verte" (permis de résidence aux Etats-Unis) en octobre après 14 ans d'attente.
Des internautes se demandaient aussi selon quelle logique l'Afghanistan et le Pakistan n'étaient pas inclus dans la liste des pays concernés.
" Illégitime "
Dans le Yémen en guerre, le "gouvernement" dirigé par les rebelles chiites Houthis à Sanaa, non reconnu par la communauté internationale, a dénoncé le décret de M. Trump, jugeant qu'il était "illégal et illégitime" de "classer le Yémen et ses citoyens comme étant source de terrorisme ou d'extrémisme".
Au Soudan, autre pays concerné par le décret, le ministère des Affaires étrangères a déploré que cette décision intervienne après la levée "historique" de sanctions économiques américaines le 13 janvier.
En Syrie, ni le régime ni les différents groupes rebelles n'avaient réagi à l'annonce. Le silence était également de mise en Libye, où les Etats-Unis risquent de voir leur influence reculer.
"Cela va créer un vide (...) qui sera rempli par des acteurs régionaux comme l'Egypte, l'Algérie, la Turquie, des pays du Golfe, ou des puissances comme la Russie qui joue un rôle de plus en plus actif en Libye", souligne Mohamed Eljareh, chercheur à l'Atlantic Council.
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