L'équipe Ittihad a remporté à 2 contre 1 son premier match à domicile depuis que les rebelles s'étaient emparés de la partie Est d'Alep en 2012, provoquant une division de la ville septentrionale entre un secteur tenu par le régime et un autre contrôlé par les insurgés.
Ce match de la sixième journée du championnat national a lieu plus d'un mois après la reprise par le régime de Damas de l'ensemble de la ville et sur les gradins, une grande banderole d'Ittihad arborait le portrait du président Bachar al-Assad.
La police anti-émeute était mobilisée dans l'enceinte du stade où des supporters déchaînés, bravant le froid, entonnaient des chants à la gloire de leur équipe engagée sur une pelouse desséchée. Beaucoup ont perdu des amis au cours des six années d'un conflit qui a tué plus de 310.000 personnes et jeté sur les routes des millions d'autres.
"Le dernier match auquel j'ai assisté était en 2010", affirme Mohammad Ali, la trentaine. "Bien sûr à l'époque nous étions plus nombreux. Certains (de mes amis) ont quitté le pays, d'autres sont morts", dit-il.
Depuis 2012, Ittihad n'avait affronté l'équipe Hurriya que dans d'autres régions de Syrie, notamment à Lattakié, un fief du régime sur la côte méditerranéenne.
'Coeur qui bat'
"Nous commencions à désespérer car aucun match n'avait lieu à Alep", raconte Ghassan Mahmoud, un autre supporter flanqué d'une veste en cuir, avant le coup d'envoi.
"Maintenant que la sécurité est de retour, nous espérons que les supporters du club reviendront progressivement dans les gradins", dit-il, avec à son côté un supporter de la même équipe vêtu des couleurs du drapeau syrien.
Dans les vestiaires, les maillots rouge et noir de l'équipe sont prêts à être endossés par les joueurs qui s'échauffent à l'extérieur en survêtement.
"Je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens d'être de retour sur le terrain (à Alep)", a affirmé le joueur Omar Hamidi avant le début du match.
"Mon coeur bat tellement vite", dit-il, soulignant que ses dernières 90 minutes disputées dans la ville remonte à 2011.
Bakri Turab, un autre joueur, confie qu'il attendait ce moment "depuis des années".
A leur arrivée sur la pelouse, les joueurs, accompagnés d'enfants vêtus d'une tenue verte, sont accueillis par un public enflammé.
Le match est "un premier pas pour que les équipes d'Alep puissent de nouveau jouer à domicile", avait affirmé cette semaine Maher Khayata, le vice-président de l'Union générale des sports.
Mais jusqu'à présent aucune autre rencontre n'est prévue dans la cité dévastée par les combats.
La Ligue syrienne de football avait été suspendue avec le déclenchement du conflit il y a près de six ans mais les matchs avaient repris en 2012 à une moindre échelle, et seulement à Damas et Lattakié, contrôlées par le régime.
Un responsable de la fédération nationale de football avait soutenu le mois dernier que les matchs de la Ligue syrienne pourraient avoir également lieu dans les villes centrales de Homs et Hama, reprises entièrement par Damas et jugées sûres désormais.
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