"Aujourd'hui, je peux vous dire qu'on a fait des progrès", a assuré le ministre de l'Intérieur maltais, Carmelo Abela, dont le pays assure depuis janvier la présidence tournante du Conseil de l'UE, l'instance regroupant les États membres.
La tâche de trouver un compromis dans les six mois a été confiée au petit archipel situé en pleine Méditerranée centrale, redevenue la principale route migratoire vers l'Europe depuis que l'accord UE-Turquie a soulagé la pression en mer Égée.
Mais le ministre maltais s'est contenté jeudi de poser les termes du débat sur la "solidarité" dont doivent faire preuve les Européens pour partager le fardeau migratoire, remettant à plus tard les propositions concrètes pour réformer les règles dites de Dublin.
Ces règles, qui déterminent quel pays de l'UE est responsable du traitement d'une demande d'asile, font peser, de l'aveu général, un poids démesuré sur l'Italie et la Grèce.
"Nous pouvons et nous devons parvenir à un compromis", a insisté le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue français Bruno Le Roux.
Selon M. de Maizière, ce compromis aurait commencé à se dessiner autour de nouvelles règles en "trois phases". En situation migratoire "normale", les règles actuelles resteraient globalement inchangées, continuant de confier au pays de première entrée la responsabilité de traiter une demande d'asile.
Mais si "le nombre de réfugiés dépasse un certain seuil, un autre système serait nécessaire", avec un "mécanisme de solidarité" entre États membres. Et il y aurait enfin une "troisième phase en cas d'afflux vraiment massif", incluant la possibilité de renvoyer les migrants vers "des lieux sûrs en dehors de l'UE".
"Non-refoulement"
"Nous sommes tous d'accord sur cette idée des trois phases, mais les détails restent à définir", a nuancé le commissaire européen en charge des Migrations, Dimitris Avramopoulos. "Nous respecterons toujours le droit international et le principe du non-refoulement", a-t-il insisté.
Mais les États membres n'ont pas toujours dénoué le principal blocage de la réforme de Dublin: le principe d'une répartition des réfugiés dans toute l'UE depuis leur point d'arrivée en Europe, qui interviendrait dès la "deuxième phase" évoquée par M. de Maizière, pour soulager les pays de première ligne.
C'était déjà l'idée du plan de relocalisation adopté par l'UE en septembre 2015, avec des quotas de répartition dans l'UE de 160.000 réfugiés depuis la Grèce et l'Italie. Ce plan contesté n'a permis de répartir pour l'heure que près de 11.000 personnes et arrive à échéance en septembre, d'où l'urgence de nouvelles règles acceptées par tous les pays de l'Union.
Mais des pays comme la Hongrie et la Slovaquie continuent de rejeter le principe d'accueillir des réfugiés sur leur sol, proposant d'autres voies pour traduire la "solidarité" européenne, notamment par es contributions financières.
D'autres, comme la France et l'Allemagne, continuent d'estimer de leur côté qu'aucun pays ne peut s'exonérer totalement de l'accueil d'un minimum de réfugiés.
"En situation de crise, chacun doit prendre sa part", a déclaré le ministre français Bruno Le Roux.
La réunion de la Valette a eu lieu sur fond d'inquiétude croissante des Européens face à l'afflux de migrants par la Méditerranée centrale, à 90% via la Libye, qui a atteint un niveau record en 2016 et ne semble pas prêt de faiblir.
Un peu plus de la moitié des plus 180.000 migrants africains arrivés sur les côtes italiennes l'an dernier ont déposé une demande d'asile, selon la Commission.
Mais la plupart ne sont pas éligibles en principe au statut de réfugié selon les critères des pays européens, qui les considèrent le plus souvent comme des migrants économiques irréguliers à renvoyer.
Il ne sont donc pour la plupart pas concernés par la répartition envisagée dans la réforme des règles de Dublin.
A LIRE AUSSI.
Attentat de Berlin: vers une refonte des services de sécurité
Un an après les agressions de Cologne, l'Allemagne face au défi de l'intégration
Hongrie: la politique antimigrants d'Orban défiée par l'extrême droite
Libre-échange: l'UE et le Canada ont signé, le plus dur commence
CETA: UE et Canada signent à Bruxelles le traité de libre-échange
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.