"Le plus terrible, c'est que je ne sais pas ce qui s'est passé" et j'ai "peu d'espoir" de le savoir, dit Serge Biechlin, qui s'exprime pour la première fois depuis le début mardi du troisième procès de la pire catastrophe industrielle de l'histoire récente en France.
L'ancien directeur de l'usine chimique, dont l'explosion le 21 septembre 2001 à Toulouse a fait 31 morts et quelque 8.000 blessés, est la seule personne physique poursuivie pour "homicides involontaires".
Cet homme de 72 ans aux cheveux blancs et au visage osseux déroule, pour la troisième fois - il a été relaxé en première instance en 2009 puis condamné en appel en 2012, mais cette dernière condamnation a été annulée - son argumentaire: l'accident chimique est "strictement impossible".
M. Biechlin insiste en revanche lourdement sur les consignes de sécurité qu'il a données à ses équipes deux jours avant la catastrophe, en lien avec l'attaque contre le World Trade Center du 11 septembre: "Certains salariés sont rentrés chez eux en disant: +Le patron nous a dit qu'il allait y avoir un attentat+".
La piste terroriste est aussi évoquée par le représentant de la société Grande Paroisse, cette filiale de Total qui exploitait l'usine, et qui est poursuivie comme personne morale.
Cette piste intentionnelle "n'a pas été explorée d'une manière aussi rapide" qu'il aurait fallu, estime Daniel Grasset.
La défense reproche aux enquêteurs d'avoir immédiatement privilégié la piste de l'accident chimique, en négligeant les autres.
Le représentant de Grande Paroisse demande aussi à la cour d'appel de Paris, réunie jusqu'au 24 mai, de se pencher sur une explosion survenue en 2011 dans une usine proche du site AZF, imputable selon lui aux résidus dans le sol d'une ancienne poudrerie: "Nous souhaitons absolument (en) parler".
En première instance en 2009, le tribunal avait estimé que la cause la plus "probable" de l'explosion était le contact accidentel entre du nitrate d'ammonium et du chlore, rendu possible par une mauvaise gestion des déchets de cette usine à haut risque.
Mais il avait prononcé une relaxe faute de "certitude".
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