Le gouvernement de Benjamin Netanyahu s'est empressé de jeter aux orties la retenue observée dans les dernières semaines de l'administration de Barack Obama.
En l'espace de quatre jours depuis l'investiture de Donald Trump, il a annoncé 3.000 nouveaux logements de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, territoires palestiniens occupés par Israël depuis 50 ans cette année.
"Netanyahu met à profit la transition à la présidence des Etats-Unis pour flatter les colons, une petite majorité de la population israélienne, et marquer des points sur sa droite", a commenté la Paix maintenant.
Pour cette organisation israélienne militant contre la colonisation, Israël "met en danger la solution à deux Etats", solution de référence de la communauté internationale qui verrait la création d'un Etat palestinien indépendant coexistant en paix avec Israël.
Cette solution paraît de plus en plus moribonde.
Pour une grande partie de la communauté internationale, la poursuite de la colonisation, c'est-à-dire les implantations civiles israéliennes qui ont continué en territoire palestinien occupé sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, représente une menace majeure pour cette solution.
La colonisation est en outre illégale au regard du droit international.
'Allié très important'
M. Obama, aux relations notoirement tendues avec M. Netanyahu, a critiqué jusqu'au bout la colonisation.
Son administration a pris le 23 décembre la décision exceptionnelle de ne pas opposer son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU défavorable au grand allié israélien, et ainsi permis l'adoption d'un texte condamnant la colonisation et provoquant la fureur d'Israël.
Le gouvernement israélien, considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, fait la part belle aux colons et aux adversaires d'un Etat palestinien.
M. Netanyahu lui-même cachait de moins son impatience de voir M. Obama céder la place dans le Bureau ovale à M. Trump, qui n'avait pas économisé ses déclarations pro-israéliennes pendant la campagne et qui, une fois élu, qualifiait de "terrible" l'approche américaine menant à la résolution du 23 décembre.
Rompant avec la pratique de sa devancière, l'administration Trump s'est gardée mardi de condamner la plus importante annonce de colonisation depuis des années faite le jour même.
"Israël continue à être un allié très important des Etats-Unis", a éludé le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer.
M. Netanyahu est en butte à la surenchère des alliés de sa majorité, qui font le forcing sur la colonisation et même l'annexion d'une partie de la Cisjordanie.
'Du bluff'
Mais pour certains comme Uri Ariel, l'un des ministres qui vivent eux-mêmes dans les colonies, même l'annonce de 2.500 nouveaux logements en Cisjordanie ne va pas assez loin. "Du bluff", a tranché le ministre de l'Agriculture.
M. Netanyahu est soumis à d'autres facteurs, disent les analystes.
Depuis fin 2016, lui et des membres de sa famille ont été interrogés dans deux affaires de corruption présumée. Un rapport potentiellement dommageable pour lui et profitable pour deux de ses grands rivaux menace de sortir prochainement sur la conduite de la guerre contre le Hamas à Gaza en 2014.
M. Netanyahu "devra faire encore plus dans un avenir proche" pour détourner la pression, pronostique Ofer Zalzberg, analyste à l'International Crisis Group.
Reste à savoir jusqu'où il peut aller. L'Egypte et la Jordanie, les deux seuls pays arabes à avoir fait la paix avec Israël, ont condamné les annonces de colonisation. A contrario, elles pourraient hésiter à remettre en cause leur étroite coopération avec Israël dans le domaine de la sécurité et de la lutte antijihadistes.
Les annonces israéliennes ont suscité les habituelles condamnations palestiniennes. Mais, comme l'accession de M. Trump, elles ont semblé laisser la direction palestinienne à Ramallah, interlocutrice de la communauté internationale, désemparée et à la recherche des moyens d'établir le contact et de discerner les intentions de la Maison Blanche.
Le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, s'est dit auprès de l'AFP "choqué" de l'absence de condamnation de Washington. Il a ouvertement pressé l'administration Trump de clarifier ses positions.
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