Les membres des différentes délégations sont arrivés dans la journée de dimanche dans la capitale kazakhe pour des négociations qui doivent démarrer à 08H00 GMT et qui mettront face à face pour la première fois le régime de Damas et des combattants rebelles, les opposants politiques restant cette fois cantonnés à un rôle de conseillers.
Les groupes rebelles, appuyés par la Turquie, ainsi que le régime, soutenu par la Russie et l'Iran, ont tous deux assuré que les discussions seraient avant tout centrées sur le renforcement de la trêve entrée en vigueur le 30 décembre, et qui tient vaille que vaille malgré des violations régulières.
L'objectif pour le régime est aussi de faire avancer une solution politique "globale" après près de six ans de guerre. Le président syrien a ainsi appelé les rebelles à livrer leurs armes en échange d'une amnistie, à l'image des accords de "réconciliation" qui se traduisent par l'évacuation des combattants en échange de la fin des bombardements et des sièges des villes par les forces gouvernementales.
La délégation des rebelles, à l'origine composée de huit membres, a été élargie à un total de 14 représentants auxquels s'ajoutent 21 conseillers, selon une source proche de l'opposition.
Le chef de la délégation, Mohammad Allouche, qui est un responsable du groupe Jaich al-Islam (l'Armée de l'islam), est arrivé à Astana en compagnie d'une dizaine de chefs combattants dont Fares Bouyouch de l'Armée d'Idleb, Hassan Ibrahim du Front du Sud et Mamoun Hajj Moussa du groupe Suqour al-Cham.
"Nous sommes ici pour réaliser les demandes du peuple syrien. Il ne s'agit pas d'un remplacement du processus de Genève. Si nous ne croyions pas en une solution politique, nous ne serions pas venus à Astana", a déclaré à l'AFP Fares Bouyoush de l'Armée d'Idleb.
Les négociations d'Astana doivent poser les bases d'un règlement à même d'être approfondies lors de prochaines discussions de paix sous égide de l'ONU à Genève le 8 février.
Bachar Jaafari, qui mène la délégation du régime composée de dix émissaires, a pour sa part indiqué que les pourparlers devaient également servir à distancier les rebelles considérés comme "modérés" des jihadistes de l'organisation Etat islamique et du front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, Al-Qaïda en Syrie), selon l'agence officielle syrienne SANA.
Présence occidentale a minima
Ces discussions, qui doivent durer plusieurs jours à l'hôtel Rixos d'Astana, interviennent alors que le président Assad est en position de force après sa victoire hautement symbolique à Alep, deuxième ville de Syrie totalement reprise aux rebelles avec l'aide de l'aviation russe et des milices iraniennes.
Les deux délégations prendront place aux côtés de l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura. Ce dernier a salué dimanche les pourparlers comme une "bonne initiative", selon des propos rapportés par les agences russes.
Tous les responsables rebelles n'ont toutefois pas confirmé être prêts à un tel format de discussion avec le régime.
Les Occidentaux auront, eux, une présence a minima: les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne seront représentés par leurs ambassadeurs. L'Union européenne sera également représentée.
Jusqu'à présent, les pourparlers, notamment Genève I et II, ont tous échoué à mettre fin au conflit en Syrie qui a fait plus de 310.000 morts depuis 2011.
Les discussions d'Astana représentent également un premier test pour la tentative de règlement portée par Moscou et Ankara, qui ont récemment surmonté près d'un an de grave crise dans leurs relations, et à la faveur du désengagement progressif des Américains dans le dossier syrien.
Les deux parrains des pourparlers d'Astana, au côté de l'Iran, restent toutefois divisés sur le sort de Bachar al-Assad. Les opposants soutenus par la Turquie veulent son départ au début d'un processus de transition, ce que le régime refuse catégoriquement.
Ankara a toutefois montré des signes de rapprochement avec les positions de Moscou, le vice-Premier ministre turc Mehmet Simsek reconnaissant la semaine dernière qu'un règlement sans Assad n'était "pas réaliste".
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