Arrivé à la Maison Blanche en fin d'après-midi, l'homme d'affaires républicain de 70 ans succède à la tête de la première puissance mondiale au démocrate Barack Obama, 55 ans, sous le regard inquiet des alliés des Etats-Unis.
Après sa prestation de serment et son discours au Capitole en milieu de journée, il a assisté au défilé traditionnel suivant l'investiture des présidents américains, puis a rapidement signé son premier décret en début de soirée, dans le Bureau ovale.
Il y ordonne à son administration d'accorder le plus d'exemptions possibles à la réforme du système de santé de 2010, détestée des conservateurs pour son coût et sa lourdeur, en attendant son abrogation par le Congrès.
Avant de dormir pour la première fois à la Maison Blanche, le milliardaire devait encore participer à trois grands bals dans la capitale fédérale.
Quelques heures plus tôt, main gauche sur la Bible, main droite levée, le magnat de l'immobilier, qui arrive au pouvoir sans la moindre expérience politique, diplomatique ou militaire, avait prêté serment en plein air, sur les marches du Capitole.
"Je jure solennellement de remplir fidèlement les fonctions de président des Etats-Unis et, dans toute la mesure de mes moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis", a-t-il déclaré.
Ceux qui espéraient découvrir un "président Trump" profondément différent du "candidat Trump" ont été déçus: le septuagénaire a entamé son mandat sur la même tonalité, promettant de "rendre le pouvoir au peuple".
"A compter d'aujourd'hui, ce sera l'Amérique d'abord et seulement l'Amérique!", a lancé le magnat en énonçant "deux règles simples: acheter américain et embaucher américain".
"Ensemble, nous rendrons sa force à l'Amérique. Nous rendrons sa richesse à l'Amérique. Nous rendrons sa fierté à l'Amérique. Nous rendrons sa sécurité à l'Amérique. Et, oui, nous rendrons sa grandeur à l'Amérique", a-t-il conclu, brandissant le poing, image surprenante dans ce contexte.
Plus de 200 interpellations
La cérémonie, suivie en direct par des millions de personnes à travers le monde, avait un goût de revanche pour celui dont l'annonce de candidature, en juin 2015, avait été accueillie par des ricanements.
Des dizaines de milliers de partisans s'étaient rassemblés malgré une très fine pluie sur le National Mall, coloré du rouge de leurs casquettes. Mais les vues aériennes des immenses pelouses montraient une mobilisation populaire limitée, dans un contraste saisissant avec l'investiture de Barack Obama, au même endroit, il y a huit ans.
Chez ces partisans de la première heure, l'espoir était sincère, avec la conviction d'assister au début "d'une nouvelle ère".
Après la cérémonie, il a déjeuné au Capitole avec élus et dignitaires, notamment Bill et Hillary Clinton qu'il a fait longuement applaudir, assurant qu'il avait pour eux "beaucoup de respect". Tout au long de la campagne, il avait systématiquement affublé cette dernière du surnom de "crapule".
Puis, suivant scrupuleusement le protocole habituel, il a lentement remonté dans sa limousine blindée l'artère Pennsylvanie Avenue jusqu'à la Maison Blanche, sortant quelques minutes à pieds, avec son épouse Melania et ses enfants, pour saluer ses partisans.
Au passage de son convoi, les huées de manifestants étaient plus nombreuses que lors des cérémonies précédentes.
Hors de sa vue mais toujours en centre-ville, des violences ont eu lieu dans plusieurs rues, à l'instigation d'individus masqués de noir. Plus de 200 personnes ont été interpellées, des gaz lacrymogènes ont été utilisées par la police, et une voiture a été incendiée.
"Pas mon président ! Pas mon président !", hurlaient certains manifestants tandis que de l'autre côté de la rue ses partisans chantaient "USA", "USA" à tue-tête.
Ministres confirmés
Le nouveau président et la nouvelle "First Lady", ainsi que le vice-président Mike Pence, se sont ensuite rendus dans la tribune présidentielle à l'extérieur de la Maison Blanche pour assister au défilé traditionnel des 20 janvier, mélange de fanfares et de détachements militaires.
En fin de journée, le Sénat a confirmé à de très larges majorités les deux premiers ministres du gouvernement Trump: les généraux à la retraite James Mattis (Défense) et John Kelly (Sécurité intérieure). Ils ont prêté serment dans la foulée à la Maison Blanche.
Le week-end du 45e président américain sera plus calme.
A son agenda officiel, Donald Trump n'a qu'un office oecuménique (National Prayer Service) samedi matin à la cathédrale Nationale de Washington.
Son équipe a annoncé que les premières grandes décisions seraient prises à partir de lundi, peut-être dans les domaines de l'immigration, du climat ou du travail.
Le changement de cap s'annonce ardu pour l'auteur du best-seller "The Art of the Deal", qui a promis, avec un sens de la formule qui enchante ses partisans et consterne ses détracteurs, d'être "le plus grand créateur d'emplois que Dieu ait jamais créé".
La constitution de ses équipes a été difficile tant la victoire a pris le camp républicain par surprise. Les premières semaines pourraient être chaotiques.
Et jamais depuis 40 ans un président américain n'avait pris le pouvoir avec un niveau d'impopularité aussi élevé.
Une grande "Marche des femmes" soutenue par une myriade de groupes progressistes tente une démonstration de force samedi sur le National Mall, sur les lieux mêmes où les spectateurs de l'investiture se sont rassemblés vendredi.
Après huit années au pouvoir, Barack Obama a quant à lui indiqué qu'il entendait rester à l'écart de la "mêlée" pour laisser son successeur gouverner, mais à condition que certaines lignes rouges ne soient pas franchies.
Juste après la cérémonie, il s'est envolé pour Palm Springs, en Californie, où il a prévu de passer en famille ses premières vacances d'ancien président.
"Notre démocratie, ce ne sont pas des monuments ou des bâtiments, c'est vous", a-t-il lancé juste avant de monter à bord de son avion.
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