Douze jeunes âgés de 17 à 19 ans avaient été interpellés mardi et mercredi dans cette affaire, qui avait suscité un vaste mouvement de grogne policière ces derniers mois.
Cinq ont été relâchés à l'issue de leur garde à vue et sept ont été présentés vendredi à deux juges d'instruction. Les sept ont été mis en examen "du chef de tentatives de meurtres sur personnes dépositaires de l'autorité publique commise en bande organisée", et été placés en détention, a indiqué le parquet dans un communiqué.
Pour ce type de crime, les sept mis en examen encourent la réclusion criminelle à perpétuité, avait expliqué le procureur de la République d'Evry, Eric Lallement, lors d'une conférence de presse à la mi-journée.
Les sept suspects sont tous originaires de la Grande Borne, une cité difficile, à cheval sur les communes de Grigny et Viry-Châtillon, et certains appartiennent "à une même bande", selon le procureur. Ils sont tous "mis en cause pour avoir directement participé à l'agression violente contre les policiers".
Pendant leur garde à vue, six "ont nié toute participation aux faits". Le septième "a reconnu être présent mais avoir seulement jeté des cailloux", selon M. Lallement.
Le 8 octobre, une quinzaine d'agresseurs avaient incendié deux voitures de police, qui surveillaient une caméra installée près d'un feu rouge connu pour ses vols avec violences sur des automobilistes, en lisière de la Grande Borne. Sur les quatre agents, deux avaient été gravement brûlés, deux autres plus légèrement.
Cette agression avait déclenché un mouvement de fronde, inédit par son ampleur, chez les policiers de base: de nombreuses manifestations ont eu lieu à travers la France.
Leur colère a poussé le gouvernement à présenter en janvier un projet de loi modifiant les règles de la légitime défense des policiers, pour les aligner sur celles des gendarmes, qui bénéficient d'un régime plus souple en cas de danger. Le texte sera examiné par le Sénat à partir du 24 janvier, avant d'être transmis aux députés.
Trois mineurs, quatre majeurs
Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a, dans un communiqué vendredi, "félicité les enquêteurs dont le travail rigoureux a permis ce jour, au terme d'une enquête longue et minutieuse", les sept mises en examen.
Trois des sept suspects présentés au juge étaient mineurs lors de l'agression, a expliqué le procureur. L'un d'eux est devenu majeur une dizaine de jours après les faits. Les quatre autres étaient déjà majeurs en octobre.
Parmi les sept suspects, deux sont déjà mis en examen dans un autre dossier pour "tentative d'assassinat". Une affaire, remontant à septembre 2015, de représailles sur un adolescent alors qu'ils étaient encore mineurs.
Un troisième suspect avait déjà été condamné par un tribunal pour enfants pour des violences volontaires.
Les sept jeunes "n'ont pas conscience qu'il s'agit d'une affaire criminelle", a confié à l'AFP une source proche de l'enquête.
"Il n'y a pas un seul cerveau (de l'attaque) parmi eux", concède un enquêteur. Mais "on n'est plus dans des gamins qui s'amusent. Quand on est déjà mis en examen pour tentative d'assassinat et qu'on prépare une attaque avec des cocktails Molotov, c'est du sérieux", estime-t-il.
En décembre, un mineur soupçonné d'avoir participé à la confection des cocktails Molotov avait été mis en examen, et un autre placé sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre la mise en examen et l'état de simple témoin.
Depuis l'agression, trois des quatre policiers attaqués ont été mutés dans les services de leur choix, selon le procureur. Le quatrième et le plus sévèrement brûlé, un adjoint de sécurité de 28 ans, a été promu gardien de la paix. Il est sorti de l'hôpital Saint-Louis à Paris en décembre, et a intégré un centre de rééducation en Seine-et-Marne.
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