"C'est une campagne à l'aveugle. Même Manuel Valls n'est plus sûr de passer ! Je n'arrive à rien lire de clair", constatait en début de semaine Arnaud Montebourg.
Vendredi soir, pour la fin de la campagne officielle, les principaux candidats à la primaire seront à nouveau sur le terrain, pour tenter une dernière fois de mobiliser leurs électeurs: Manuel Valls sera en meeting au Trianon à Paris (XVIIIe) et Benoît Hamon à Toulouse, tandis que Vincent Peillon tiendra sa première réunion publique, à Paris (XIIe), et qu'Arnaud Montebourg tiendra un "stand-up" à Marseille. Sylvia Pinel sera elle aussi en meeting à Toulouse.
Loin de dissiper le brouillard, la campagne éclair qui s'est ouverte mi-décembre a plutôt contribué à l'épaissir.
Bénéficiant d'une dynamique bien visible sur le terrain et confirmée par les enquêtes d'opinion, Benoît Hamon est venu jouer les trouble-fête dans le duo de tête Valls-Montebourg, réduisant l'avance de l'ancien Premier ministre, et compromettant les chances de l'ancien locataire de Bercy de se hisser au second tour.
Si Manuel Valls peut capitaliser sur son expérience et sa "présidentialité", la nouveauté apparaît plutôt du côté de l'éphémère ministre de l'Education, dont les propositions ont souvent été au centre des discussions. Arnaud Montebourg, dont les proches vantent la "cohérence" du projet, a été contraint de donner un coup de barre à gauche pour contrer son ancien comparse.
Quatrième socialiste de la compétition, Vincent Peillon est a priori loin derrière, mais ses proches prédisent une "surprise" dimanche, tablant notamment sur la position "centrale" de l'eurodéputé, resté à l'écart des affrontements des dernières années.
"Je suis très hésitant comme beaucoup, et ce ne sont pas les derniers débats qui m'ont convaincu", a commenté vendredi matin le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, au lendemain du troisième et dernier débat d'avant premier tour.
Un "plancher" d'1,5 million de votants
Le seul vrai gagnant de ces débats est peut-être le candidat du Parti écologiste, François de Rugy, salué comme une "révélation" par les observateurs, ce qui devrait lui permettre de prendre l'avantage sur les deux autres petits candidats, Sylvia Pinel (PRG) et Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate).
Cette ultime confrontation télévisée a été suivie par 3,1 millions de téléspectateurs, soit 2 millions de moins que les 5,1 millions qui avaient suivi le 3e débat de la primaire de la droite sur la même chaîne.
Ce score est également inférieur au premier débat de la primaire (3,8 millions de personnes sur TF1 le 12 janvier) mais supérieur au deuxième (1,7 million sur les chaînes d'info le 15 janvier), selon les chiffres de Médiamétrie.
Cette (relativement) faible audience annonce-t-elle un mauvais chiffre de participation ? Pas pour le président du Comité national d'organisation de la primaire (CNOP), Christophe Borgel, qui depuis le départ affiche une ambition assez modeste.
"J'ai toujours fixé comme plancher 1,5 million" d'électeurs, a-t-il affirmé vendredi sur LCP. "Personne n'imagine que dans la situation de division actuelle de la gauche, on puisse avoir autant de votants que la droite", a-t-il expliqué.
En novembre, la primaire de la droite avait attiré 4,3 et 4,4 millions d'électeurs. En 2011, 2,7 puis 2,9 millions s'étaient déplacés pour la primaire PS.
Mais la primaire de la "Belle Alliance populaire" souffre de la concurrence à sa gauche de Jean-Luc Mélenchon, et à sa droite d'Emmanuel Macron. Les deux hommes, qui devancent aujourd'hui le PS dans les sondages pour le premier tour de la présidentielle, ne se sont pas fait oublier jeudi, organisant l'un un meeting à Florange, dans un clin d'oeil aux promesses de François Hollande en 2012, et l'autre une conférence de presse à son QG.
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