"Un non-lieu? C'est le risque, un risque important", a réagi auprès de l'AFP Jean-Pierre Fraisse, qui a été informé de la clôture de l'instruction sur la mort de son fils, alors âgé de 21 ans.
Rémi Fraisse a succombé à l'explosion d'une grenade tirée par un gendarme lors d'affrontements sur le chantier de la retenue d'eau controversée de Sivens.
Afin d'essayer de "relancer l'enquête", M. Fraisse a annoncé le dépôt, ce mercredi, de deux plaintes, confirmant une information du Monde.
La première, à Toulouse, accuse d'homicide involontaire Thierry Gentilhomme, préfet à l'époque de la mort de Rémi Fraisse, ainsi que son directeur de cabinet, Yves Mathis. Elle vise également, pour subornation de témoins, le gendarme responsable de l'enquête sur la mort du militant.
La deuxième plainte, déposée à Paris, accuse de "faux témoignages" trois gendarmes, dont l'auteur du tir de grenade présumé responsable de la mort.
Faisant part de ses "doutes" quant à la capacité de la justice à faire éclater la vérité, M. Fraisse a dénoncé "une proximité entre les gendarmes et la justice".
Me Jean Tamalet, avocat du gendarme qui a tiré la grenade, a confirmé à l'AFP la clôture de l'instruction le 11 janvier, à Toulouse, estimant que "l'issue inéluctable du dossier (était) un non-lieu".
Le maréchal des logis J. avait été entendu en tant que témoin assisté le 18 mars 2016 et n'avait pas été poursuivi.
"La conclusion aujourd'hui est la même que lors de son audition: c'est un abominable accident mais un accident", a déclaré Me Tamalet.
Un rapport de l'Inspection générale de la gendarmerie (IGGN) avait déjà blanchi le gendarme en décembre 2014. Il avait estimé que les avertissements nécessaires avaient été effectués avant le lancer de la grenade.
Les forces de l'ordre se trouvaient alors face à "cinq opposants agressifs qui (jetaient) constamment toutes sortes de projectiles", selon le compte-rendu de la gendarmerie.
Le parquet a dorénavant trois mois pour rendre son réquisitoire définitif, un délai durant lequel les parties peuvent déposer des demandes de complément d'enquête.
Puis un autre mois s'écoulera pour laisser le temps aux deux juges d'instruction toulousains de prononcer leur ordonnance.
Le père de Rémi Fraisse compte bien utiliser ce délai pour faire pression sur la justice. Sa première plainte visant le préfet argue que ce dernier était au courant que la situation était très grave et tendue sur le site du barrage juste avant les affrontements qui ont mené à la mort de Rémi, mais qu'il a malgré tout donné des ordres flous.
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