Le colonel Jamal al-Jumaïli, chef de la police locale, l'assure: "Fallouja est une ville sûre".
"Il n'y a plus aucun membre de l'organisation terroriste Daech (acronyme en arabe de l'EI)" dans cette ville que les jihadistes ont occupé pendant plus de deux ans, dit-il.
Mais la "victoire" des forces irakiennes a eu un prix exorbitant. Nombre de maisons ont été soufflées par les combats et certains quartiers sont encore interdits aux civils par crainte d'objets piégés que les jihadistes pourraient avoir placés dans les maisons.
En décembre, l'ONG Norwegian Refugee Council estimait à "environ 10%" le nombre de maisons habitables dans cette ville située à une heure de route à l'ouest de Bagdad.
"Rien ne va, il n'y a ni eau, ni électricité et nos maisons sont détruites", tonne Firas Mahmoud, un chômeur de 25 ans.
Moustapha "exige", lui, du gouvernement local qu'il rétablisse les services publics mais se plaint aussi de "l'absence d'emplois". "Les autorités doivent agir", s'insurge-t-il.
Pour l'heure, la municipalité est sur la défensive et le maire Issa al-Sayer en appelle à l'aide de "la communauté internationale pour que les habitants de Fallouja puissent vivre dans la stabilité".
Car au plan national, "les finances (du gouvernement irakien) sont déjà affectées par les faibles prix de l'énergie et les impératifs onéreux de la guerre" contre l'EI, note Omar Lamrani, analyste au centre de réflexion géostratégique américain Stratfor.
En outre, "la corruption et le clientélisme pèsent sur la répartition des fonds à sa disposition, qui sont eux-mêmes déjà limités", relève-t-il.
Les attentes de plus en plus pressantes des habitants de Fallouja, qui ont toujours eu l'âme rebelle, risquent d'alimenter leur sentiment d'être laissés pour compte par le gouvernement, dominé par les chiites.
Il y quelques années, le mécontentement de la population avait préparé le terrain pour l'EI.
Ainsi à l'hiver 2012-2013 des manifestations organisées dans la province Al-Anbar, où se trouve Fallouja, avaient réuni des milliers de personnes outrées par la "stigmatisation" de la minorité sunnite opérée, selon elles, par le Premier ministre chiite d'alors, Nouri al-Maliki.
Et en janvier 2014, Fallouja tombait aux mains de combattants antigouvernementaux pour devenir un bastion de l'EI.
Preuves d'atrocités
Dans le cadre de sa campagne pour reprendre Fallouja et les territoires conquis par les jihadistes, Bagdad s'appuie sur ses forces régulières, mais aussi le Hachd al-Chaabi ("Mobilisation populaire"), un assemblage de groupes paramilitaires dominés par des milices chiites dont certaines sont soutenues par l'Iran chiite, honni par de nombreux Irakiens sunnites.
Aujourd'hui, le chef de la police assure que "seules l'armée et la police sont présentes" dans la ville. Le Hachd al-Chaabi est, lui, positionné hors de la cité mais le spectre des milices chiites fait craindre à certains sunnites d'être la cible de violences confessionnelles.
D'autant que l'été dernier, le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Raad Al-Hussein, avait assuré qu'existaient des preuves que la milice chiite Ketaëb Hezbollah, qui a participé à la reconquête de Fallouja, avait commis des atrocités.
Et, qu'ils soient sciemment provocateurs ou non, certains graffitis à la gloire des imams Ali et Hussein, révérés par les chiites, ornent désormais les murs de Fallouja comme autant de souvenirs laissés par les forces armées, dont les membres sont majoritairement chiites.
Or, estime Omar Lamrani de Stratfor, le gouvernement de Bagdad a tout intérêt à ne pas teinter la reconquête de son territoire d'une composante prochiite s'il entend "garder le contrôle (des villes reprises à l'EI) sur le long terme".
Un avertissement qui vaut aussi pour Mossoul, la deuxième ville d'Irak que les forces armées, épaulées par la coalition internationale, tentent de reprendre aux jihadistes depuis le mois d'octobre.
Laisser les milices chiites entrer dans Mossoul risquerait d'"enhardir les combattants de l'EI et de pousser la population locale (sunnite) à se rapprocher des extrémistes", explique M. Lamrani.
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