Plusieurs dizaines de détenus ont provisoirement occupé lundi le toit délabré de la prison d'Alcaçuz, près de Natal (nord-est), où le dernier carnage en date a fait 26 morts dans la nuit de samedi à dimanche.
On pouvait y voir des prisonniers armés de bâtons et arborant de grands drapeaux blancs avec les initiales d'une faction criminelle locale et d'autres avec le mot "paix".
L'occupation du toit a commencé lundi à l'aube et n'a pris fin que vers midi (16h00 GMT), après l'entrée d'une cinquantaine de policiers d'élite.
Après des négociations avec les détenus, la police a identifié cinq suspects des violences de la veille et les a emmenés pour les interroger.
Dans l'après-midi, des détenus sont à nouveau montés sur les toits de tuiles rouges éventrés de la prison, qui borde l'océan.
Balles en caoutchouc
La tension était telle que les forces de l'ordre ont tiré des balles en caoutchouc pour disperser des familles de détenus massées aux portes de la prison d'Alcaçuz dans l'attente de nouvelles de leurs proches, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les violences près de Natal ont commencé samedi soir et ont duré près de 14 heures, quand deux factions rivales sont parvenues à sortir des quartiers séparés où elles étaient confinées pour s'affronter sauvagement. La plupart des 26 personnes tuées ont été décapitées.
À l'intérieur de chacun de ces quartiers, les cellules ne sont pas fermées parce que les barreaux ont été arrachées au cours d'une mutinerie en 2015.
Les policiers ont évacué de la prison une dizaine de détenus, des membres présumés d'une faction criminelle
Ce pénitencier compte 1.083 prisonniers pour une capacité de 620 places, selon l'administration de l'Etat de Rio Grande do Norte.
Tandis que la difficile identification des corps mutilés a commencé dans la matinée, une autre prison de la région a connu une mutinerie, lundi vers 03h00.
Des détenus ont mis feu à leur matelas et la police d'élite a dû intervenir pour reprendre le contrôle de la situation. Selon les autorités locales, aucun blessé n'est à déplorer.
Au niveau national, le taux de remplissage des prisons est de 167% de la capacité officielle, d'après les derniers chiffres du ministère de la Justice, qui a récemment annoncé la construction de nouveaux établissements et une réforme du système pénitentiaire, 42% de la population carcérale étant constituée de personnes en attente d'être jugées.
Zones stratégiques
Deux autres massacres de grande ampleur ont été perpétrés en tout début d'année dans le nord du Brésil, avec 56 morts le 1er janvier dans une prison de Manaus, en Amazonie, et 33 autres dans l´Etat de Roraima.
La guerre des gangs qui met les prisons brésiliennes à feu et à sang oppose le puissant PCC (Premier Comando de la Capitale), fondé à Sao Paulo, au Comando Vermelho, basé à Rio de Janeiro, et à ses alliés locaux.
La situation a commencé à dégénérer en juin, quand le gros bonnet de la drogue Jorge Rafaat Toumani a été assassiné à la frontière paraguayenne, une attaque à l'arme lourde attribuée au PCC.
Frontalier de la Colombie, de la Bolivie et du Pérou, les trois plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, le Brésil est devenu une plaque tournante du trafic de cette drogue qui le traverse par voie terrestre avant d'être transportée en Europe à bord de cargos, le plus souvent après une escale en Afrique.
Amnesty International (AI) a appelé lundi le gouvernement brésilien à "mettre rapidement sur pied une enquête indépendante, menée par des autorités civiles, sur ces tueries".
"Les autorités jouent un jeu dangereux en sous-estimant l'ampleur" de la crise dans le système carcéral, a souligné Renata Neder, conseillère pour les droits de l'Homme de la branche brésilienne d'AI.
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