Ce centre, réservé aux femmes seules ou avec enfants, enceintes, et aux couples avec ou sans enfants, ouvrira ses portes jeudi.
Il accueillera d'abord un groupe de 90 migrants, selon l'association gestionnaire Emmaüs Solidarités, avant d'atteindre progressivement sa pleine capacité à la mi-mars: 400 personnes. Environ 350 seront réorientées depuis le centre de "pré-accueil" qui fonctionne déjà dans le nord de Paris, et 50 places seront attribuées à des familles roms qui vivent dans la rue à Ivry-sur-Seine.
Ces femmes, couples et leurs enfants resteront entre trois et cinq mois dans cette structure. Le temps de formuler une demande d'asile et d'être transférés vers des Centres d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) pour attendre la fin de leurs démarches.
"Ici, on offre un accueil digne", pour "des publics fragiles", s'est félicitée la maire de Paris Anne Hidalgo devant la presse, après un tour du site en compagnie des ministres de l'Intérieur et du Logement, Bruno Le Roux et Emmanuelle Cosse.
"Ce centre, nous en avons besoin (...), particulièrement aujourd'hui où nous entamons une vague de grand froid qui appelle à une mobilisation extrêmement forte des services de l'Etat", a souligné Mme Cosse.
"Toute personne sur notre territoire a le droit à la solidarité et à la mise à l'abri, quel que soit son statut, quelle que soit son histoire", a-t-elle ajouté.
'Villages à taille humaine'
Sur place, les premiers bâtiments prennent forme au dessus des anciens bassins filtrants. Le centre doit à terme occuper 4.800 m2 et s'articuler en six "quartiers" conçus comme autant de "villages à taille humaine", explique le directeur général d'Emmaüs Solidarité, Bruno Morel. L'association a recruté 80 salariés pour assurer son fonctionnement, aussi assuré par des bénévoles.
"La force de ce projet, c'est d'avoir des logements modulables", détaille son adjointe Aurélie El Hassak-Marzorati. Les chambres, entre 12 et 40 m2, seront adaptées en fonction de chaque famille.
Chaque quartier regroupera environ 70 résidents autour d'une "yourte". Une structure inspirée de l'habitat mongol, où les migrants pourront se restaurer et participer aux activités collectives - ateliers sur la parentalité, formation au droit des étrangers.
Le centre disposera d'un pôle santé, géré par l'association Médecins du monde et doté de pédopsychiatres, et d'un pôle administratif dédié aux démarches. Une école avec quatre classes doit également ouvrir en mars pour les enfants.
"La prise en charge va être beaucoup plus dense que sur le centre humanitaire de Paris", résume Mme El Hassak-Marzorati.
Le centre complémentaire du nord de Paris fonctionne différemment: il est conçu comme une "bulle" d'accueil, où tous les migrants peuvent se présenter, mais qui n'héberge que des hommes seuls pour une durée maximale de cinq à dix jours avant leur transfert dans des structures adaptées en France.
Depuis son ouverture début novembre, 3.800 personnes y ont trouvé une solution pour être mises à l'abri, dont 2.800 hommes seuls hébergés sur place, selon Emmaüs Solidarité.
"C'est-à-dire que nous avons évité des campements de 4.000 personnes" dans les rues de Paris, a rebondi Mme Hidalgo, en estimant que le centre "remplit vraiment ces objectifs".
Mais avec 400 places affichant complet en permanence, des dizaines de migrants campaient encore récemment chaque nuit à ses abords en attendant d'être pris en charge, et un campement s'est reconstitué dans la ville voisine de Saint-Denis avant d'être évacué en décembre. Médecins du monde a récemment dénoncé des "violences policières" contre les migrants qui restent à la rue.
Emmaüs Solidarité "travaille à des améliorations", a insisté M. Morel: 200 places supplémentaires sont prévues dans les prochaines semaines et le rythme des rendez-vous administratifs doit s'accélérer, pour assurer une meilleure rotation d'hébergement.
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