Depuis le Falcon, chaque navire est scruté: dès qu'un pilote repère un bateau, un des trois techniciens opérateurs à bord vérifie que son radar l'a lui aussi capté, et recherche des informations. En cas de doute, une manoeuvre d'approche permet de prendre des clichés pour mieux identifier son pavillon et son nom. "C'est bon, c'est le *** Newport, on l'a vu hier, il est clair", rapporte un technicien à ses collègues tandis que le Falcon remonte en flèche.
Même si le bateau est "clair", l'équipage du Falcon l'appelle sur sa radio. "On n'est jamais à l'abri d'une balise piratée", explique le pilote. "Everything OK", assure l'équipage du navire marchand. "Ca m'arrange qu'on se dise dans la marine marchande que dans les eaux françaises on est très contrôlés", avoue un pilote.
En priorité dans le viseur de la marine nationale: les bateaux qui se dirigent vers les côtes françaises. En août 2015, la marine avait intercepté le Falkvag, un bâtiment battant pavillon du Sierra Leone, aux antécédents douteux, qui avait annoncé se diriger vers Marseille, où personne ne l'attendait. Le scénario catastrophe d'un bateau rempli d'explosifs entrant dans le port de la cité phocéenne avait été rapidement écarté.
Même s'ils sont moins visibles que leurs collègues de l'opération Sentinelle sur terre, près de 4.000 militaires de la marine nationale veillent jour et nuit sur les côtes françaises avec une devise explicite. Leur but: repérer le plus loin possible des côtes françaises une éventuelle menace "car la distance, c'est du temps pour agir", résume le contre-amiral Gilles Humeau.
Les bateaux "suspects"? Des navires qui n'ont pas renseigné leur balise correctement, qui ont subi des avaries, polluent, ou encore des bâtiments qui naviguent trop près de la Syrie... Les petites embarcations sont aussi surveillées de près: un groupe de sept hors-bord qui passait les bouches de Bonifacio à toute allure sans répondre aux appels radio avait ainsi attiré son attention en septembre. Pas de "go-fast" pour acheminer de la drogue, au final, mais des plaisanciers qui s'amusaient sur le chemin d' un salon nautique en Italie...
'Cordon sanitaire'
Chaque jour, un des huit Falcon de la marine nationale décolle pour surveiller la Méditerranée. Ce mardi, 80 navires ont été contrôlés, et une dizaine interrogés. Très rapide, l'avion est parfois dérouté sur de gros accidents, comme lors du crash d'un vol Egyptair le 19 mai dernier en mer.
Lorsque les moyens aériens signalent un bâtiment suspect ou un danger imminent, le Centre des opérations maritimes en informe ses navires en patrouille, comme le Jacoubet, un Aviso équipé de 90 marins, et armé, notamment d'une tourelle 100 mm. "Notre mission: surveiller, renseigner, opérer", résume à bord du navire, au large de Saint-Tropez, le commandant Jérémy Bourdeverre, dont le navire a déjà dû porter secours à des migrants naufragés.
Plongé en "mode nuit", dans l'obscurité la plus complète, l'équipage du Jacoubet passe la nuit à guetter, à l'aide d'un sonar, de radar, et d'un guetteur muni de jumelles à infrarouge, les côtes françaises. Sur ordre du préfet maritime, l'équipage du Jacoubet peut "visiter" un navire, voire le fouiller.
Dernier rempart avant la côte: les bons vieux sémaphores, qui fermaient les uns après les autres en Méditerranée, jusqu'à ce qu'un bateau chargé de migrants, l'East Sea, ne s'échoue sur une plage près de Saint-Raphaël (Var) en 2001, sans que personne ne l'ait vu venir.
Au sommet de la vigie Cepet, sur la presqu'île de Saint-Mandrier, 10 militaires scrutent à tour de rôle l'horizon de la rade de Toulon, site spécialement sensible car abritant notamment le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle. Les 19 sémaphores de la côte méditerranéenne forment un "cordon sanitaire" selon le contre-amiral Humeau. Le maillage est serré, mais"on ne peut pas mettre un gendarme à chaque coin de rue ni un militaire derrière chaque bateau", reconnaît-il.
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