"Les Etats-Unis devraient certainement être invités, et nous sommes tombés d'accord sur ce point avec la Russie", a affirmé le ministre des Affaires étrangères turc jeudi en fin de soirée, à Genève, au sujet des discussions prévues le 23 janvier dans la capitale kazakhe autour de l'avenir de la Syrie.
Ces discussions avaient été annoncées après le cessez-le-feu syrien du 30 décembre, parrainé par la Russie, la Turquie et l'Iran.
"Nous devons maintenir le cessez-le-feu, cela est essentiel pour les négociations d'Astana", a insisté Mevlut Cavusoglu, en précisant que les invitations pour les discussions au Kazakhstan devraient probablement être envoyées la semaine prochaine.
"Personne ne peut ignorer le rôle des Etats-Unis. Et ceci est une position de principe pour la Turquie", a-t-il insisté: "Ceux qui ont contribué ou qui devraient contribuer devraient être là, et pas seulement pour être sur la photo de famille", a-t-il ajouté.
'Une solution politique'
Le but de ces discussions "est de parvenir à une solution politique, qui est la meilleure solution", a insisté M. Cavusoglu.
Si la trêve en vigueur en Syrie est toujours officiellement en application, elle est toujours aussi fragile, comme l'a directement constaté Damas.
Au moins huit personnes ont péri jeudi dans un attentat suicide à Kafr Soussa, un quartier de la capitale où se trouvent des bases militaire et des renseignements. Or les attentats sont normalement rares à Damas, bastion du régime de Bachar al-Assad qui combat depuis près de six ans les rebelles en Syrie.
Selon la télévision d'Etat syrienne, "l'attaque terroriste (a été) perpétrée par un kamikaze qui a fait exploser sa ceinture explosive" près d'un club de sport.
En décembre 2011, deux attentats près des agences de sécurité à Kafr Soussa avaient coûté la vie à plus de 40 personnes.
Plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, c'est la base militaire de Mazzé, dans la banlieue ouest de Damas, qui a été frappée par plusieurs explosions, des bombardements selon la télévision d'Etat syrienne.
Le correspondant de l'AFP sur place a aussi entendu ces explosions, soulignant qu'un large feu était visible au sein même de la base militaire et que la fumée était visible depuis la capitale. Aucun bilan n'était encore disponible vendredi matin.
Plusieurs sources syriennes avaient déjà fait état de bombardements israéliens en Syrie depuis le début du conflit, et notamment sur cette base de Mazzé. Contactée par l'AFP sur ces dernières explosions, l'armée israélienne s'est refusée à tout commentaire.
Le 7 décembre, l'agence officielle Sana avait affirmé que les environs de cette base avait été touchés par plusieurs tirs de missiles sol-sol israéliens, à partir d'une position sur le plateau du Golan syrien occupé par Israël.
L'aéroport militaire de Mazzé, qui se trouve à 8 km au sud-ouest de Damas, est le siège des redoutables services de renseignements de l'armée de l'air, qui y disposent d'une vaste prison.
Si Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, a affirmé craindre "une escalade militaire" jeudi, c'est surtout dans le cadre de la crise de l'eau qui touche Damas.
"Danger imminent d'escalade"
"Des réunions se tiennent à Ankara et probablement maintenant à Moscou aussi, et ce pour deux raisons: d'abord l'approvisionnement en eau à Damas est vital, et ensuite parce que s'il y a une escalade cela peut avoir un impact sur les discussions à Astana", a ainsi déclaré Staffan de Mistura, lors d'un point de presse à Genève.
La localité de Wadi Barada fournit la majorité de l'eau potable de la capitale syrienne, mais en raison des combats, beaucoup de canalisations ont été détruites, entraînant des coupures d'eau pour des millions de personnes.
"L'information dont nous disposons est que cinq villages dans la région de Wadi ont trouvé un accord avec le gouvernement", a annoncé M. de Mistura: "Mais deux villages, en particulier celui où se trouve la source, n'ont pas trouvé d'accord pour le moment. Aussi, il y a (...) un danger imminent que cela donne lieu à une escalade militaire".
Jeudi, des ingénieurs syriens aidés de techniciens de l'ONU "ont essayé par deux fois" de se rendre sur place, mais ils "ont été stoppés par les groupes armés", a regretté le médiateur de l'ONU.
Si la cessation des hostilités tient encore "largement", selon le terme de l'envoyé spécial de l'ONU, en référence au cessez-le-feu obtenu par la Russie et la Turquie le 30 décembre, elle reste donc fragile.
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