À quelques encablures du centre-ville, ce 10 janvier 2017, les mâts des voiliers se dressent fièrement dans la rade du petit port de plaisance de Caen. Une curiosité à plusieurs égards, d'abord parce que Caen n'est pas à proprement parler une ville côtière, ensuite parce qu'une telle proximité du centre-ville n'est pas courante. Rémy Chivot, président du Caen yacht-club et marin depuis quarante ans ne cache pas une certaine nostalgie, "ce vieux caennais" se souvient "La plaisance s'est développée dans les années 60, maintenant c'est un peu en déclin. Il ne faut pas oublier qu'à Caen il n'y a pas que le bassin Saint-Pierre. Il y a vraiment à Caen des plans d'eaux permettant plein d'activités nautiques." Fondé en 1986 et présidé par Rémy Chivot depuis 2007, le yacht-club du port de plaisance peine donc à rayonner. Dans le bassin Saint-Pierre il y a la place pour 92 bateaux.
Le Port de Plaisance n'est donc aujourd'hui peuplé que par quinze résidents, des bateaux en hivernage mais aussi des bateaux de passage surtout à la belle saison. Le port compte pourtant 92 places. Guillaume Guérillaud, responsable plaisance de la CCI précise "On limite les places d'une part en raison de la consommation d'énergie très importante d'un résident annuel mais aussi parce que ce port a une vocation de plaisance et de loisir. Il n'est pas dimensionné pour accueillir trop de résidents". Les demandeurs doivent donc patienter.
Des résidents moins enclins à la navigation
"J'ai moi-même habité sur mon voilier mais c'était avant des grands voyages pas pour y habiter à long terme; ce que je constate c'est que très peu de résidents sortent et naviguent" affirme Rémy Chivot. Si la distance entre le bassin Saint Pierre et la mer n'est pas terrible (une heure trente environ), un équipage doit calculer son itinéraire notamment en fonction des ponts et des écluses à passer. Toutefois, les activités nautiques sont promues par le Yacht-Club qui propose régulièrement activités et formations à la voile. "Nous avons fait l'acquisition de trois voiliers pour que le public puisse s'initier à la voile à longueur d'année". Des habitants terre à terre? "La plupart des habitants? Ce sont des terriens qui ne naviguent pas" semble regretter un résident qui se présente comme un ancien marin."Je suis persuadé que beaucoup naviguent dans leurs têtes" dit en souriant Rémy Chivot.
Les "Romanichels de la mer"
Mais pour tous ces "romanichels de la mer" comme ils sont surnommés, "vivre sur un bateau est avant tout un rêve de gosse" précise Daniel, 57 ans, habitant sur son voilier depuis février 2014. Pour lui il y a une vie communautaire, les groupes ne se créent pas par affinité mais davantage par ponton. Et Daniel navigue, contrairement à beaucoup de ses voisins. "En soi on vient tous d'univers différents, mais on a tous eu une relation avec la mer, une relation qui nous a rattrapé". Les raisons qui les y ramènent peuvent différer, pour certains c'est un projet familial, pour d'autres ce sont des accidents de la vie. C'est aussi une philosophie: celle de se dire qu'il ne suffit que d'un geste pour larguer les amarres et partir à l'aventure sans bouger de chez soi. Et puis sourit Daniel, commercial dans la vie terrestre, "tous les soirs je me crois en vacances".
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