L'avocat général Dominique Tailhardat avait requis le 19 octobre vingt-quatre mois de prison avec sursis à l'encontre des huit hommes, parmi lesquels cinq militants CGT. En première instance, ils avaient été condamnés à 24 mois de prison dont neuf ferme le 12 janvier 2016.
"Nous attendons une décision juridique et non politique, on croit à la relaxe", a affirmé à l'AFP Mickaël Wamen, l'un des prévenus et figure emblématique du "combat" des Goodyear.
Cette peine avait provoqué un tollé en France où plusieurs manifestations de soutien avaient été organisées et une pétition en ligne réclamant l'arrêt des poursuites à leur encontre avait recueilli plus de 171.000 signatures. La CGT y avait vu un symbole de la "criminalisation de l'action syndicale".
Toute nouvelle condamnation serait "une condamnation de principe dirigée contre tous ceux qui entendent contester les agressions patronales dans tout le pays", a de nouveau prévenu Nathalie Arthaud (LO) dans un communiqué lundi.
Elle s'était rendue à Amiens lors du procès en appel le 19 octobre 2016, où 10.000 personnes selon la CGT et 5.000 selon la préfecture, s'étaient rassemblées pour soutenir les huit prévenus, au côté du secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, de Jean-Luc Mélenchon, d'Olivier Besancenot (NPA) ou encore de François Ruffin, l'auteur de "Merci, patron !".
Mercredi, dès 11H00, "nous attendons entre 2.000 et 2.500 soutiens devant le tribunal... Sur un cas de répression syndicale, c'est le mouvement le plus rassembleur depuis près de 20 ans", a poursuivi M. Wamen.
"De la délinquance pure et simple"
Les 6 et 7 janvier 2014, le directeur des ressources humaines et le directeur de la production avaient été retenus pendant une trentaine d'heures dans les locaux de l'usine de pneumatiques occupée par quelques dizaines de salariés en colère après l'annonce de la fermeture de ce site de 1.143 salariés.
Poursuivis pour "séquestration et violences en réunion", les prévenus encourent jusqu'à cinq ans de prison.
Dans cette affaire, "la dignité humaine a été touchée et nous ne pouvons pas tolérer ce genre de comportement quel que soit le contexte", avait estimé l'avocat général. A ses yeux, les faits reprochés aux salariés relevaient de la "délinquance pure et simple". Ils ont essayé "de détruire psychologiquement" ces deux cadres, "les insultes ont fusé tout comme les actes d'humiliation", avait soutenu M. Tailhardat.
Dans ce procès sans plaignant (Goodyear a retiré sa plainte, comme les deux cadres concernés), les prévenus ont tenté de convaincre les juges de leur absence de culpabilité et de la légitimité de leur action.
"Évidemment que je vous demande la relaxe. Si vous prononcez la relaxe, vous jugez en droit, en justice et en responsabilité", avait lancé l'avocat des prévenus Me Fiodor Rilov au président de la cour, estimant que son jugement "emblématique" sera "scruté".
"En fonction de la décision des juges, il est possible qu'on se pourvoit en cassation, en espérant qu'on ne soit pas obligé de le faire, car on en a un peu ras-le-bol de cette histoire, ça fait trois ans que l'usine est fermée, on aimerait bien passer à autre chose, mais malheureusement ce conflit s'éternise", a conclu M. Wamen.
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