Arrêté samedi à Miami (sud-est), Olivier Schmidt est poursuivi pour avoir joué un rôle-clé dans la "conspiration" visant à tromper les autorités américaines et les automobilistes sur le niveau réel des émissions de gaz polluantes des voitures Volkswagen, a annoncé le département de la Justice (DoJ).
Fin 2015, le premier constructeur automobile européen avait reconnu avoir équipé 11 millions de ses voitures diesel, dont environ 600.000 aux Etats-Unis, d'un logiciel faussant le résultat des tests anti-pollution et dissimulant des émissions dépassant jusqu'à 40 fois les normes autorisées.
Employé entre 2012 et 2015 sur le site de Volkswagen de Hauburn Hills, dans le Michigan (nord-est), M. Schmidt était alors en charge des relations du constructeur avec les autorités américaines, notamment les agences de l'environnement fédérale (EPA) et californienne (Carb) chargées d'homologuer les voitures en vue de leur mise en circulation.
A l'été 2015, quelques mois avant que le scandale n'éclate, il s'était rendu aux Etats-Unis et avait "trompé et induit en erreur" les régulateurs américains qui cherchaient à comprendre des écarts de résultats constatés entre des tests en laboratoire et en conditions réelles, indique l'acte d'accusation.
M. Schmidt, qui avait été promu et transféré au siège du groupe à Wolfsburg, en Allemagne, en mars 2015, a choisi de cacher le fait que "VW trichait de manière intentionnelle (...) afin de continuer à vendre des voitures diesel aux Etats-Unis", indique le document.
Selon le DoJ, la direction du groupe avait été peu après, en juillet 2015, informée par M. Schmidt de "l'existence, de la finalité et des caractéristiques" du logiciel truqueur mais a décidé de garder le silence.
"Au lieu de plaider pour la reconnaissance de l'existence du logiciel truqueur auprès des autorités américaines, la direction exécutive de VW a autorisé qu'elle continue d'être dissimulée", affirme l'acte d'accusation, sans citer toutefois le nom de responsables.
Patron de Volkswagen au moment des faits, Martin Winterkorn avait dû démissionner après le scandale et a été remplacé par Matthias Müller fin septembre 2015.
L'acte d'accusation indique par ailleurs que "d'autres employés" ont participé à la "conspiration", suggérant que les autorités américaines pourraient procéder à d'autres arrestations.
En septembre, les autorités américaines avaient déjà inculpé James Liang, un ingénieur qui a fait partie, selon elles, de l'équipe ayant développé un des logiciels mis en cause.
Opération reconquête
L'arrestation de M. Schmidt a jeté une ombre sur le début du salon de l'automobile de Detroit, où le constructeur allemand entend poursuivre ses efforts pour redorer son blason aux Etats-Unis et faire repartir ses ventes.
"Nous devons assumer nos responsabilités et accepter le fait que les investigations continuent", a déclaré lundi à Detroit, Herbert Diess, patron de la marque Volkswagen.
Sur le plan judiciaire, Volkswagen a commencé à refermer le volet civil des plaintes en bouclant un premier plan d'indemnisation de près de 15 milliards de dollars prévoyant notamment le rachat ou la remise aux normes de quelque 480.000 voitures concernées.
Volkswagen devra également verser au moins un milliard de dollars supplémentaire pour régler le cas de quelque 80.000 voitures de grosses cylindrées équipées de moteurs truqués, même si le détail exact de ce plan d'indemnisation doit encore être approuvé par la justice.
Le volet pénal pourrait bientôt également trouver une issue. Selon plusieurs médias, Volkswagen serait sur le point d'annoncer un accord à plus de 2 milliards de dollars pour mettre un terme à l'enquête et éviter au groupe d'être formellement mis en accusation.
Sur le plan commercial, la reconquête de Volkswagen passe par le lancement de nouveaux produits, comme deux 4x4 urbains montrés à Detroit: le gros Atlas, fabriqué dans l'usine de Volkswagen à Chattanooga (Tennessee) et un plus petit SUV Tiguan, mais rallongé et pouvant accueillir jusqu'à sept personnes.
VW a aussi une nouvelle fois tiré sur la corde nostalgique en présentant un prototype électrique, l'ID Buzz, qui reprend la silhouette du fameux Combi, symbole "baba-cool"
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