- Grèves et manifestations
Plus de cinquante lycées, essentiellement de banlieue parisienne et de l'académie de Marseille, selon le collectif "Touche pas à ma ZEP", une dizaine d'établissements selon le ministère de l'Education, sont en grève depuis la rentrée des vacances de Noël. Ils ont manifesté à cinq reprises, avant et après ces congés. Une "nuit de la ZEP" est prévue lundi à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), avant un nouveau défilé à Paris mardi.
- Les raisons de la colère
Les lycées n'ont pas été concernés par la dernière réforme de l'éducation prioritaire (rentrées 2014 et 2015), la ministre Najat Vallaud-Belkacem renvoyant au prochain quinquennat. En attendant, les lycées disposent, comme les collèges et écoles sortis d'éducation prioritaire, d'une "clause de sauvegarde", permettant aux profs de garder pendant quatre ans leur prime spécifique et davantage de points pour une mutation. Face à la mobilisation, elle a aussi promis 450 postes supplémentaires pour la rentrée 2017.
Rien ne garantit que ces moyens seront maintenus après 2019, surtout en cas d'alternance cette année, craint le collectif "Touche pas à ma ZEP", soutenu par plusieurs syndicats d'enseignants.
"Les difficultés sociales des élèves ne s'arrêtent pas après la troisième", relève le collectif, jugeant que l'absence de réforme pour les lycées est contradictoire avec la lutte contre le décrochage. Le collectif réclame une liste laissant en éducation prioritaire les lycées qui y étaient déjà et en intégrant de nouveaux. Le ministère indique lui que bâtir ce type de liste nécessite du temps.
Des élèves et enseignants craignent aussi de perdre des dispositifs pédagogiques. A Sciences Po, qui vient de fêter les quinze ans des conventions pour permettre à des élèves de lycées prioritaires de réussir le concours, on indique que "les 106 partenariats avec les lycées conventionnés ne sont en aucun cas remis en cause".
- Qu'apporte l'éducation prioritaire ?
L'éducation prioritaire, qui scolarise 20% des collégiens, a été créée par Alain Savary en 1982 pour "donner plus à ceux qui ont moins". Elle a commencé avec le label ZEP (zones d'éducation prioritaire), auquel ont succédé d'autres sigles au fil des réformes (RAR et RSS, CLAIR puis ECLAIR).
Elle comporte des dispositifs pour attirer des enseignants dans des zones peu attractives (primes, plus de points pour les mutations). Les grévistes mettent en garde contre un plus fort "turnover" des équipes si ces avantages disparaissaient, au détriment des élèves.
Aucun texte ne le régit, mais en pratique, il y a moins d'élèves par classe, des demi-groupes. Il y a aussi davantage d'encadrement (par exemple deux profs principaux en ECLAIR).
- En quoi consiste la dernière réforme ?
La dernière réforme (rentrées 2014 et 2015) a créé les Réseaux d'éducation prioritaire (REP) et Réseaux d'éducation prioritaire renforcés (REP+) pour les collèges accueillant les élèves les plus défavorisés et les écoles de leur secteur.
Ont été investis 350 millions d'euros supplémentaires dans un millier de réseaux, pour ne pas éparpiller les moyens. Les primes d'éducation prioritaire ont été augmentées (+50% en REP, +100% en REP+). Et dans les REP+, les profs ont un peu moins d'heures de cours pour favoriser leur travail en commun.
Le label REP permet des ressources spécifiques: pédagogies innovantes, scolarisation des enfants de moins de trois ans...
La liste des écoles et collèges en éducation prioritaire a été revue, avec des entrées mais aussi des sorties, provoquant des protestations et des grèves dans des établissements sortis de la carte REP.
- Combien de lycées concernés ? Mystère
L'acronyme ZEP, entré dans le langage courant, reste amplement utilisé. Une appellation d'autant plus confuse qu'elle est employée pour désigner des lycées aux dispositifs très divers: éducation prioritaire à l'Education nationale, mais aussi politique de la ville, plan Espoir Banlieues, établissements "sensibles" dont la liste est confidentielle pour éviter une stigmatisation... Or certains lycées peuvent relever de plusieurs dispositifs. Les différents acteurs ont donc du mal à chiffrer le nombre de lycées concernés.
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