"Comment ça va?" Large sourire aux lèvres, le chef de l'État multiplie les poignées de mains, doublées de cette interpellation sonore répétée à satiété. Pour ce déplacement dans son ancien fief électoral, François Hollande a l'air exceptionnellement détendu. Son service de sécurité s'autorise même ça et là quelques sourires, la besogne assurée.
Ce déplacement en Corrèze a beau être le 28e depuis son accession à l'Élysée en 2012, il n'en revêt pas moins une saveur particulière pour le chef de l'État. Un rien nostalgique. Cinq semaines après avoir annoncé qu'il ne briguerait pas un second mandat, François Hollande n'est donc pas en campagne. Difficile, cependant, de chasser complètement le naturel.
"Je ne suis pas né en Corrèze, vous m'avez adopté." "Je connais ce département, j'allais dire commune par commune, presque habitant par habitant." "Quelles que soient vos sensibilités, vous m'avez accompagné pour me permettre d'être ce que je suis aujourd'hui, de faire en sorte que je puisse être le président de tous", a déclaré François Hollande, samedi, lors de ses voeux aux territoires. Un ultime bain de foule a conclu l'exercice.
La Corrèze, expliquait le président vendredi, "c'est trente-cinq ans de ma vie". Et des souvenirs dans chaque recoin. L'inauguration du Centre d'incendie et de secours d'Ussel? "Un voyage vers le passé, puisqu'en 1983 j'étais, ici, conseiller municipal." La pose de la première pierre d'un futur établissement pour personnes âgées (Ephad) à Corrèze, village sur les hauteurs de Tulle? "Une commune qui m'avait accueilli lors de ma première réunion publique dans ce département. C'était en juin 1981."
À l'époque, le jeune énarque (27 ans), disciple de Jacques Delors et chargé de mission à l'Élysée, connaît son baptême du feu électoral face à Jacques Chirac qui, bien que maire de Paris, règne sur "ses" terres corréziennes qui furent également celles de son épouse Bernadette. François Hollande? "Moins connu que le labrador de Mitterrand", cingle alors le dirigeant de la droite qui, trois décennies plus tard, lui donnera un singulier coup de pouce dans son duel face à Nicolas Sarkozy.
Une 'tournée de retrouvailles'
Dans ces terres rurales, François Hollande a gravi les échelons de l'engagement politique local: député (1988-1993, 1997-2012), maire de Tulle (2001-2008), président du Conseil général (2008-2012). Le département, où il avait déclaré sa candidature en 2011, l'a élu président à plus de 65%.
Mais, comme dans le reste de l'Hexagone, le reflux a fait son oeuvre. Le Front national s'est hissé à près de 20% en Corrèze lors des élections européennes de 2014. Le département a basculé à droite en avril 2015.
Quatre mois avant de rendre les clés de l'Élysée, le chef de l'État l'assure: ce déplacement en Corrèze "n'est pas une tournée d'adieux mais de retrouvailles". Mais, même hors de la course à l'élection présidentielle, la politique nationale n'est jamais très loin.
Sur l'estrade, le président échange à fleurets mouchetés avec le président (Les Républicains) du département Pascal Coste, membre de l'organigramme de campagne du candidat LR, François Fillon, sur la politique de santé. Multiplie, comme dans tous ses récents discours de voeux, les hommages au "service public" garant de "l'intérêt général" et de la "solidarité" entre territoires. "Que deviendrait un département comme celui-ci sans services publics?" s'interroge-t-il.
Quid de son avenir politique? Le président répond par une boutade: "Merci de m'avoir accueilli au Paradis", lance-t-il près du chantier du futur Ephad de Corrèze, en construction au lieu-dit Paradis. "Beaucoup s'interrogent sur ce que je vais faire après, se demandent où je vais aller. Vous avez la réponse. Non pas à l'Ehpad de Corrèze, mais au Paradis."
En point final de ses voeux, "une confidence": "Je ne serai pas toujours président de la République, mais je serai toujours avec vous et parmi vous."
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