Conformément à la procédure judiciaire fédérale, le jeune homme de 22 ans comparaît pour la seconde phase de son procès, celle de la détermination de sa peine, devant la même cour fédérale et le même jury d'un tribunal de Charleston.
C'est dans cette ville de Caroline du Sud (sud-est) que Dylann Roof a ouvert le feu 77 fois dans une église méthodiste, le 17 juin 2015, criblant de balles neuf paroissiens noirs qui venaient de l'accueillir à bras ouverts à une séance d'étude de la Bible.
Il y a trois semaines, 12 jurés méticuleusement sélectionnés n'ont eu besoin que de deux heures de délibération pour s'accorder sur la culpabilité écrasante de ce partisan revendiqué du nazisme et du Ku Klux Klan.
Ils n'ont trouvé aucune circonstance atténuante au solitaire aux yeux clairs et à la chevelure blonde, répondant par l'affirmative aux 33 charges fédérales dont il était accusé.
La question qu'il leur reste à trancher est la plus cruciale et, de fait, la seule qui génère un véritable suspense dans un procès au cours duquel Dylan Roof n'a pour l'heure ni cherché à atténuer ses crimes, ni exprimé le moindre regret. Le verdict sera soit la peine de mort, soit la réclusion à perpétuité réelle.
Le meurtrier changera-t-il de stratégie en rompant son silence mercredi ? L'imprévisible tueur a choisi d'assurer lui-même sa défense, en dépit des conseils contraires de ses avocats et du juge présidant les débats.
Témoins rappelés à la barre
De son côté, le procureur compte appeler à la barre plus de trente témoins, survivants du carnage, proches des personnes abattues ou experts, qui ont déjà pour certains livré des éléments accablants à l'encontre de Dylann Roof.
Il requerra la peine de mort au nom du gouvernement fédéral, en se fondant sur une loi punissant les crimes motivés par le racisme.
Les sentences capitales fédérales sont rares dans le système pénal américain, où les criminels sont généralement jugés par les Etats. Le dernier cas connu est l'auteur des attentats de Boston en 2013, Djokhar Tsarnaev. Les autorités centrales ont exécuté trois condamnés depuis 1976.
Sa tête ayant beau être en jeu, Dylann Roof tentera-t-il d'utiliser le tribunal comme une tribune pour son idéologie xénophobe ? Ou jouera-t-il enfin la carte de l'humilité, en livrant un soupçon de compassion pour ses victimes ?
Le magistrat Richard Gergel présidant le procès a strictement encadré, de façon préventive, la prise de parole de Dylan Roof, dont la haine froide et calculatrice a renvoyé la communauté noire de Charleston aux pires abominations de la ségrégation raciale.
Roof tenu loin des jurés
"L'accusé ne pourra s'approcher du jury, de la barre des témoins ou des magistrats", a décidé le juge Gergel, qui a d'autre part conclu lundi que le jeune homme était intellectuellement apte à être jugé.
L'accusé glorifiant l'apartheid a de toute façon exclu de faire citer des témoins en sa faveur, et notamment d'exploiter l'idée qu'il ne disposerait pas de toutes ses facultés mentales.
C'est pourtant sur cette piste que son avocat, David Bruck, aurait aimé entraîner les jurés, en dépeignant son client comme un homme "prisonnier de ses délires".
Mais M. Buck étant mis sur la touche, Dylann Roof pourrait en payer le prix fort.
Il suffirait toutefois qu'un seul membre du jury, composé de dix femmes et deux hommes, s'y oppose et il échapperait à la peine de mort. Le verdict devrait tomber dans une dizaine de jours.
L'Etat de Caroline du Sud jugera aussi Dylann Roof, lors d'un procès distinct. Il encourra de nouveau la peine de mort.
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