Son cas illustre une crainte très débattue dans le pays, notamment après l'attentat du 19 décembre à Berlin, celle de voir l'EI glisser des combattants parmi les centaines de milliers de demandeurs d'asile arrivés par la route des Balkans.
Arrêté le 22 mars 2016, Shaas Al M. sera jugé au moins jusqu'en avril pour "appartenance à une organisation terroriste à l'étranger" et "infraction à la loi sur les armes de guerre". Il encourt jusqu'à 10 ans de prison.
Recruté mi-2013 par l'EI en Syrie, il "a poursuivi son travail" pour l'organisation jihadiste après son arrivée en Allemagne à l'été 2015, affirme le parquet fédéral dans son acte d'accusation. "Il a repéré de potentielles cibles d'attaque" à Berlin, notamment l'Alexanderplatz, la porte de Brandebourg et le Reichstag où siègent les députés, selon la même source.
Le jeune homme a indiqué par téléphone à un correspondant en Syrie le nombre de personnes et de cars qui s'y trouvaient à des heures précises, ajoutait la Cour fédérale en octobre.
Merkel critiquée
Le parquet l'accuse aussi d'avoir fait office "de contact pour des auteurs potentiels d'attentats" et d'avoir "signalé sa disposition de principe à commettre une attaque en Allemagne".
Recruté en 2013 par un imam de son village natal en Syrie, l'adolescent avait suivi une formation religieuse et militaire avant de participer à plusieurs opérations de l'EI.
D'après les enquêteurs, il a été garde à l'aéroport de Deir Ezzor (est de la Syrie), a participé à la prise de contrôle de la même ville par les jihadistes et a ravitaillé "par de nombreux trajets" d'autres combattants.
Rien n'a pour l'heure filtré de sa ligne de défense, ni des sources de ces accusations, le quotidien Tagesspiegel ayant seulement évoqué "une information venue de son entourage".
Le risque que des réfugiés puissent commettre des attentats est l'un des reproches adressés par la droite populiste à la chancelière Angela Merkel et à sa politique d'ouverture aux demandeurs d'asile de 2015.
Elle n'a eu cesse d'appeler à ne pas faire l'amalgame entre "terroristes" et réfugiés, mais trois attaques commises en 2016 au nom de l'EI l'ont mise en difficulté, en Bavière en juillet (20 blessés au total), puis à Berlin le 19 décembre (12 morts).
'Attaque d'ampleur'
Chacune a été attribuée à des demandeurs d'asile - un Afghan, un Syrien et un Tunisien -, mais les enquêtes n'ont jusqu'ici pas mis en évidence de complices ou d'expérience du jihad, accréditant la thèse de "loups solitaires" plutôt que de combattants envoyés par l'EI.
Ces assaillants isolés "font partie de la stratégie de l'Etat islamique" pour "détourner l'attention", tout en préparant "des attaques de plus grande ampleur" comme celles de Paris (130 morts le 13 novembre 2015) ou Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016), alertait en août dernier Guido Steinberg, spécialiste du terrorisme au sein de l'institut berlinois SWP.
En juin dernier, trois Syriens avaient été interpellés à Düsseldorf (ouest de l'Allemagne)), accusés par un jihadiste repenti d'appartenir à une "cellule dormante" de l'EI préparant des attaques coordonnées.
Un autre Syrien, Jaber Al-Bakr, s'était lui suicidé en prison en octobre après avoir été arrêté pour un projet d'attentat à l'explosif visant un aéroport de Berlin.
Enfin, comme ses voisins, l'Allemagne doit par ailleurs gérer le retour d'environ un tiers de ses 820 jihadistes partis en Irak et Syrie, des cas qui représentent la grande majorité des procédures.
L'un d'eux, un repenti déjà emprisonné pour son appartenance à l'EI, a été mis en cause mardi pour "meurtre aggravé" et "crimes de guerre".
A LIRE AUSSI.
En Allemagne, les milieux jihadistes en plein essor
Attentat de Berlin: vers une refonte des services de sécurité
Berlin: Anis Amri, délinquant tunisien devenu tueur jihadiste
Un an après les agressions de Cologne, l'Allemagne face au défi de l'intégration
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.