Dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le ministre conservateur Thomas de Maizière insiste sur la nécessité de renforcer les pouvoirs de l'Etat fédéral en matière de renseignements intérieurs, actuellement partagés par les 16 Etats régionaux.
Il propose en outre de renforcer les compétences jusqu'ici limitées de la police fédérale et de mettre sur pied un centre de crise qui chapeauterait l'ensemble des services concernés par les questions de sécurité liées aux migrants et l'antiterrorisme.
"L'Etat fédéral n'est pas compétent pour des catastrophes d'ampleur nationale" comme l'attentat du 19 décembre qui a fait 12 morts, écrit M. de Maizière. "Les compétences en matière de lutte contre le terrorisme international sont éclatées", a-t-il regretté.
"Nous avons besoin de règles homogènes et d'une meilleure coordination", a-t-il souligné, notamment pour la surveillance des individus classés "dangereux", à l'instar du Tunisien Anis Amri, auteur présumé de l'attaque à Berlin tué après plus de trois jours de cavale en Italie.
L'attentat au camion-bélier sur un marché de Noël très fréquenté a mis à jour des failles du système existant, au point que les autorités allemandes ont été accusées de négligences et de s'être laissé berner par un militant islamiste avéré.
Anis Amri, qui avait fait allégeance à l'Etat islamique (EI), est ainsi parvenu à passer entre les mailles du filet en profitant notamment de l'éclatement des responsabilités en Allemagne. Il a aussi pu s'enfuir au nez et à la barbe des polices allemandes après l'attentat.
Au coeur de la campagne électorale
Bien qu'identifié de longue date comme individu susceptible de préparer un attentat, la police berlinoise avait cessé de s'intéresser à ses activités en septembre, faute d'éléments suffisants, alors que dans l'Ouest du pays on le considérait encore comme une menace.
Or dans un pays bouleversé par l'arrivée de plus d'un million de réfugiés depuis début 2015 et secoué par des attaques jihadistes, la sécurité devrait être au coeur de la campagne électorale en vue des législatives prévues en septembre.
Le dirigeant de l'Union chrétienne-sociale (CSU), parti frère de la CDU de la chancelière Angela Merkel, assure ainsi que la sécurité est "comme une épée de Damoclès" qui pourrait décider de l'issue du scrutin.
"On a déjà vu bien d'autres choses moins importantes décider d'une élection", a martelé Horst Seehofer qui réclame depuis des mois un tour de vis sur les questions migratoires et de sécurité.
Centres de rétention
Autre réforme voulue par M. De Maizière, les expulsions des demandeurs d'asile déboutés.
En effet, Anis Amri aurait dû être renvoyé dans son pays natal mais Tunis a longtemps tardé à fournir les documents nécessaires. Dans l'intervalle, et malgré les suspicions pesant contre lui, il avait été laissé en liberté.
Par conséquent, le ministre veut la mise en place de centres de rétention près d'aéroports où seront placées les personnes en voie d'expulsion pendant les semaines ou les jours précédents leur renvoi.
Si l'attentat de Berlin a jeté une lumière crue sur les dysfonctionnements de l'appareil sécuritaire, d'autres évènements ces derniers mois avaient déjà révélé nombre de problèmes.
En octobre, un réfugié syrien, qui avait échappé dans un premier temps à la police malgré une surveillance resserrée, avait réussi ensuite à se suicider en prison quelques jours après son placement en détention.
Fin novembre, un agent du renseignement intérieur avait été arrêté, soupçonné d'être un "islamiste présumé" qui avait proposé des informations sur le fonctionnement de son institution sur internet en vue d'un attentat.
En plein essor, la droite populiste Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui a fait de ces questions un thème de prédilection, a réagi aux propositions de M. de Maizière en l'accusant de plagier ses propositions.
Or la CDU "a beaucoup promis ces dernières années sans qu'il ne se passe rien", a jugé un élu AfD, Georg Pazderski.
A LIRE AUSSI.
Attentat de Berlin: les autorités sous le feu des critiques
L'Allemagne contrainte de revoir son système anti-terroriste
Ce que l'on sait de l'enquête sur l'attentat de Berlin
Berlin: le suspect est un islamiste connu mais jamais arrêté
Berlin: Anis Amri, délinquant tunisien devenu tueur jihadiste
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.