Le chef de l'État, qui ne se représentera pas en 2017, a multiplié les signes de sa volonté d'exister jusqu'au bout de son mandat sur la scène internationale, annonçant qu'il se rendrait lundi en Irak pour y "saluer" les soldats français engagés dans la lutte contre l'organisation État islamique.
Autre mise au point à destination cette fois du président élu américain Donald Trump: "la France ne laissera personne, ni aucun Etat, fût-il le plus grand, remettre en cause" l'accord de Paris sur le climat.
Pour ce dernier exercice du genre, empreint selon ses propres termes d'"émotion" et de "gravité", le chef de l'État n'a pas dérogé à la tradition avec une allocution d'un peu moins de 10 minutes enregistrée peu avant sa diffusion.
Tout juste la réalisation a-t-elle alterné les plans serrés et plus larges, le président accompagnant les points saillants de son allocution d'une gestuelle un peu plus démonstrative qu'à l'accoutumée.
Sur le fond, il s'en est tenu à la ligne tracée depuis son renoncement à briguer un second mandat, le 1er décembre: non-ingérence dans les débats de la primaire de la gauche et mises en garde sur les projets de la droite et de l'extrême droite.
A l'adresse de François Fillon, le chef de l'État a lancé cet avertissement : "Le rôle des forces et personnalités politiques est immense, elles doivent être à la hauteur de la situation, faire preuve de lucidité, éviter de brutaliser la société".
Une allusion à la volonté du champion de la droite de supprimer 500.000 emplois publics ou de couper dans les prestations sociales alors que François Hollande s'est érigé au contraire en gardien du "modèle social" auquel, a-t-il souligné, les Français sont "attachés car il garantit l'égalité de tous face aux aléas de la vie et notamment la santé".
En Irak lundi
Face à la montée du Front national, il a averti sans nommer sa présidente, Marine Le Pen : "Comment imaginer notre pays recroquevillé derrière des murs, réduit à son seul marché intérieur, revenant à sa monnaie nationale et en plus, en plus, discriminant ses enfants selon leurs origines". "Mais ce ne serait plus la France", s'est-il exclamé, opposant sa vision d'une nation "ouverte au monde", "européenne" et "fraternelle".
Et à son propre camp, divisé comme jamais à l'approche de la présidentielle, il a lancé un appel à "écarter la dispersion" des forces politiques de gauche qui entraînerait "leur élimination".
"En cette fin d'année, ce que nous croyons acquis, parfois pour toujours, la démocratie, la liberté, les droits sociaux, l'Europe et même la paix, tout cela devient vulnérable, réversible", s'est encore alarmé le chef de l'Etat. "Il y a dans l'Histoire des périodes où tout peut basculer, nous en vivons une", a-t-il insisté.
François Hollande s'est présenté en protecteur des Français face à une "menace terroriste qui ne faiblit". "Nous n'en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme (...) il nous faudra continuer à le combattre. A l'extérieur, c'est le sens de nos opérations militaires au Mali, en Syrie, en Irak, Irak où je me rendrai après-demain (lundi) pour saluer nos soldats".
Il s'est aussi fait l'avocat de son propre mandat : "Les comptes publics ont été rétablis, la sécurité sociale est à l'équilibre, la compétitivité de nos entreprises a été retrouvée, la construction de logements atteint un niveau record, l'investissement repart".
"Et surtout, surtout, le nombre de demandeurs d'emploi baisse enfin depuis un an", a-t-il souligné, même s'il en est "convenu", les "résultats arrivent, plus tard" qu'il ne l'avait prévu.
L'an dernier, quelque 11 millions de téléspectateurs avaient regardé ces voeux présidentiels. L'audience cette année aura ainsi valeur de test de la popularité du président et de ce qu'il représente encore d'autorité politique et morale après son renoncement.
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