Avec plus de 750 meurtres, contre 600 en additionnant les chiffres des deux villes les plus peuplées du pays précédemment citées, Chicago a connu sa pire année en près de deux décennies et les solutions semblent difficiles à trouver pour endiguer le fléau des armes à feu.
Les fusillades, concentrées dans des quartiers défavorisés où vivent une majorité d'habitants noirs et hispaniques, ont augmenté de près de 50% pour atteindre les 3.500 incidents au cours des douze derniers mois.
Pour faire face, la police de la ville, avec le soutien du maire démocrate Rahm Emanuel, prévoit d'embaucher près de 1.000 agents supplémentaires sur les deux ans qui viennent.
Les forces de l'ordre sont pour l'heure confrontées à la défiance d'une partie de la population, couplée de peurs des représailles, qui entravent leur travail d'enquête. Seul un tiers des affaires de meurtre ont ainsi été résolues en 2016.
Le malaise a été alimenté par les images de la mort de Laquan McDonald, un adolescent noir criblé de 16 balles par un policier blanc en octobre 2014.
L'onde de choc déclenchée par cette bavure a entraîné le renvoi en décembre 2015 du chef de la police, aujourd'hui remplacé par Eddie Johnson, et une enquête fédérale visant les forces de l'ordre. Les résultats de cette dernière pourraient avoir un impact sur les pratiques à venir.
'Crime après crime'
La police a dans le même temps changé sa manière de pratiquer les fouilles au corps, avec plus de formulaires à remplir de la part des agents.
En conséquence l'activité policière a décru tandis que les violences augmentaient, comme en témoigne un groupe de policiers dans une interview pour l'émission télévisée "60 Minutes" dont la diffusion complète est programmée dimanche.
"Les patrouilles agressives, où l'on cherchait des personnes en train de commettre des infractions, ne sont plus aussi courantes qu'elles l'étaient", a déclaré Brian Warner, un ancien agent devenu consultant auprès de la police.
Une des solutions envisagées est de cibler un groupe de quelque 1.400 personnes qui sont à l'origine de l'essentiel des violences selon la police.
Un texte de loi doit par ailleurs être examiné en janvier par le parlement local et propose de durcir les peines de prison pour les récidivistes dans les cas d'infractions impliquant des armes à feu.
"Notre plus grand problème à Chicago, ce sont les armes à feu et la culture permettant aux délinquants de commettre crime après crime", avait déploré en novembre Eddie Johnson.
L'idée d'imposer des peines de prison plus sévères ne fait pourtant pas l'unanimité, notamment auprès des ONG qui tentent de combattre la violence.
"Les gens ne passent-ils pas déjà suffisamment de temps derrière les barreaux ? Ne faisons-nous pas appel à la police autant que cela est possible ? (...) Il faut voir le problème sous un angle différent", a ainsi souhaité Gary Slutkin, fondateur du groupe "Cure Violence".
Selon cet ancien de l'OMS dont l'organisation forme des membres de gangs à conseiller les jeunes, la violence doit être prise en charge comme une question de santé publique.
"Il faut vraiment la traiter d'urgence comme une épidémie", a-t-il fait valoir, regrettant que son groupe et plusieurs ONG aient vu leurs financements locaux réduits au moment où les violences augmentaient.
Le chef policier Eddie Johnson acquiesce sur ce point, estimant que le fait de "résoudre le problème de la violence à Chicago (...) ne peut pas revenir seulement à la police".
S'inspirer des autres villes du pays est aussi l'une de ses pistes. Fin décembre, il a ainsi effectué un passage auprès de ses collègues new-yorkais et assuré au journal Chicago Sun-Times qu'il testerait certaines de leurs méthodes dans l'année à venir.
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