Les mesures annoncées par le président Barack Obama, moins d'un mois avant son départ de la Maison Blanche, prévoient l'expulsion de 35 personnes accusées d'être des membres du renseignement russe, la fermeture de deux propriétés dans le nord-est des Etats-Unis considérés comme des bases utilisées par ces agents.
De plus, le GRU (services secrets de l'armée) et le FSB (service Fédéral de Sécurité, ex-KGB) font l'objet de sanctions économiques tout comme quatre dirigeants du GRU, dont son chef Igor Korobov.
Et Barack Obama a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de s'arrêter là.
Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir orchestré des piratages informatiques ayant mené au vol et à la publication de milliers d'emails de responsables démocrates, au détriment de la candidate Hillary Clinton.
Les autorités américaines prendront d'autres mesures de rétorsion "au moment que nous choisirons", y compris à travers des opérations secrètes dont le public ne sera pas informé, a prévenu le président sortant.
Pour beaucoup, ces opérations secrètes pourraient être des représailles informatiques menées, par exemple, par l'agence de renseignement américaine NSA dont les tentacules s'étendent aux réseaux informatiques de toute la planète.
Comme une réponse du berger à la bergère destinée à montrer au président russe Vladimir Poutine que les Etats-Unis peuvent, eux aussi, utiliser le piratage et l'intrusion informatique pour perturber le fonctionnement interne du pouvoir russe.
Pour Evan Perkoski et Michael Poznansky, deux universitaires américains spécialistes de politique internationale et de renseignement, des cyber-attaques pourraient ainsi viser les ordinateurs de proches du président russe.
Retourner l'opinion russe
"Viser ces oligarques dont le soutien est vital au pouvoir de Vladimir Poutine pourrait être une puissante incitation à ne pas se livrer à d'autres ingérences électorales", ont écrit les deux hommes dans une tribune publiée récemment par War on the rocks, un site américain de réflexion sur la guerre et la sécurité.
Les Américains pourraient aussi chercher à déstabiliser des institutions financières ou des entreprises russes "dans le but de retourner l'opinion publique russe contre le régime", ajoutent-ils sans détailler exactement la forme que ces attaques pourraient prendre.
Diagnostic semblable pour Susan Hennessey, une ancienne juriste de la NSA: les sanctions publiques devraient être accompagnées d'une opération secrète "potentiellement menaçante envers les responsables du Kremlin, leur faisant comprendre que nous pouvons atteindre des endroits qu'ils pensaient protégés".
Mais les experts sont aussi unanimes sur un point: qu'un Etat mène des attaques informatiques contre un autre Etat revient à s'aventurer sur des terres encore largement inexplorées, avec tous les risques que cela comporte.
"Les représailles informatiques secrètes doivent être bien conçues et exécutées de manière à être précises et à ne pas infliger de dommages collatéraux à des systèmes informatiques qui n'étaient pas visés", souligne ainsi Steve Grobman, directeur technique d'Intel Security, un groupe américain de cyber-sécurité.
Comme beaucoup d'experts, il met en garde contre le déclenchement d'une guerre informatique, destructrice pour les deux parties. "Une escalade des attaques informatiques des deux côtés peut mener à un vrai conflit physique", prévient-il.
James Lewis, spécialiste des questions de cyber-sécurité au centre d'études CSIS, estime que l'administration Obama retiendra sa main au moment de frapper --si elle le fait.
Et qu'elle n'utilisera pas les "armes informatiques" destructrices à sa disposition, évoquées de temps en temps mais jamais décrites précisément.
"Il y a un fort désir d'éviter une escalade de ce conflit", indique-t-il. Les Russes "ont utilisé la coercition, l'espionnage, la politique, nous pourrions faire la même chose".
En tout cas, l'ingérence russe dans l'élection américaine aura une fois de plus démontré la nécessité de renforcer la sécurité des réseaux et des ordinateurs américains contre les intrusions.
"Il faut absolument que l'administration améliore à l'avenir les défenses informatiques américaines, si nous voulons empêcher de semblables interférences à l'avenir", souligne Claude Barfied, un expert du centre d'études conservateur American Enterprise Institute.
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