A défaut d'invoquer les "forces de l'esprit" comme le fit François Mitterrand en 1994, l'actuel chef de l'État saura-t-il marquer les esprits ? A quatre mois de la présidentielle, sa parole est-elle démonétisée par son renoncement ou bien au contraire crédibilisée ?
L'audience de ces voeux en donnera un premier indice, trois jours après la grâce très commentée accordée à Jacqueline Sauvage et avant la prochaine vague de sondages, ceux de décembre ayant été marqués par un regain de popularité.
Sur la forme, explique-t-on à l'Élysée, le président s'en tiendra à la tradition : une déclaration de moins de dix minutes enregistrée peu avant sa diffusion sur les chaînes de radio et de télévision dans le salon Alexandre III du palais présidentiel.
Le chef de l'État, poursuit-on, "aura à coeur de soigner ces derniers voeux du quinquennat avec un texte très personnel qu'il écrira de la première à la dernière ligne".
Quant au fond, il devrait s'articuler autour d'un triple message.
Premier message: le retour sur l'année 2016, "une année d'épreuves, avec la guerre en Syrie, en Irak et aux portes de l'Europe, en Ukraine ou au Sahel, et les attentats de Magnanville, de Nice, de Saint-Étienne-du-Rouvray ou de Berlin".
Cette année, devrait également relever François Hollande, restera marquée aussi "par la montée des populismes en Europe et dans le monde et les incertitudes nées du Brexit".
Second message: "les réformes commencent à porter leurs fruits". Le chef de l'État en voudra pour preuve, explique-t-on, "la reprise économique qui a commencé à s'affirmer et le chômage qui a commencé à baisser".
Quant au troisième message, il portera sur "les enjeux pour 2017".
L'exécutif "continuera d'utiliser chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde de son mandat pour protéger les Français, préparer l'avenir qu'il s'agisse de la lutte contre le terrorisme et contre le chômage ou de la relance de l'investissement", souligne-t-on à l'Élysée.
"Disparition" de la gauche?
Mais 2017 sera aussi et surtout une année électorale avec la primaire de la gauche, les 22 et 29 janvier, la présidentielle, le 23 avril et le 7 mai, puis les législatives des 11 et 18 juin. Et à ce propos, souligne un proche, le président "sera très vigilant sur les valeurs républicaines, la défense de nos valeurs sociales et du service public".
Depuis quelques semaines, le chef de l'État cible sans le nommer François Fillon dans pratiquement tous ses déplacements, pointant à demi-mot le libéralisme de son programme.
François Hollande ressent "une inquiétude face à la force de l'extrême droite et le programme de la droite, la plus dure, libérale et réactionnaire", confie un intime.
Mais il s'alarme aussi de "ce qui menace la gauche: l'élimination au premier tour de la présidentielle dans un premier temps et sa disparition dans un second temps".
Quoi qu'il en soit, la trêve des confiseurs à peine refermée, le chef de l'État enchaînera avec la litanie des voeux, au gouvernement, le 4 janvier, au Conseil constitutionnel et aux autorités religieuses, le 5, aux armées, à Mont-de-Marsan, le 6, puis aux "territoires", à Tulle, le 7.
Suivront, le 10 janvier, les voeux aux partenaires sociaux, aux bureaux des assemblées et aux corps constitués, le 11, l'inauguration des espaces rénovés de la Bibliothèque nationale de France, rue de Richelieu à Paris, et les voeux au corps diplomatique, le 12.
François Hollande s'envolera ensuite pour un Sommet Afrique-France à Bamako les 13 et 14 janvier avant un déplacement au Chili et en Colombie, du 21 au 24 janvier, loin du premier tour de la primaire du PS qui se tiendra au même moment.
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