"Les spécialités culinaires d'Alep sont reconnues dans le monde entier", dit fièrement César Asfar, dont le restaurant de spécialités levantines a démarré mercredi.
En cuisine, César prépare taboulé, baba ghanouj, falalel, chawarma et autre knafeh qui composent la carte.
Sa femme Rima assure le service en salle. Les murs sont décorés des photos de leur ville d'origine avant qu'elle ne soit ravagée par des années de guerre civile.
C'est en août que le destin du couple a basculé.
Alors installés à Toul, en Lorraine, avec leurs deux enfants, Rima et César Asfar découvrent sur internet l'annonce d'un restaurant à céder. Les anciens propriétaires souhaitent que les repreneurs soient des personnes dans le besoin, à la recherche d'un travail.
César sait cuisiner mais les candidatures sont très nombreuses. "La réponse a été positive pour nous, Dieu merci!", s'enthousiasme le couple catholique syriaque âgé d'une trentaine d'années.
Ensuite, les choses s'enchaînent rapidement.
La famille a besoin d'un logement. Le père Jacky de la cathédrale de Toul contacte son homologue de l'Abbaye Saint-Philibert de Tournus, le père Oudot, pour solliciter son aide.
"Une dame de la paroisse avait justement un logement vacant à louer", se rappelle ce dernier.
La famille emménage début décembre et ses jumeaux âgés de 3 ans et demi sont tout de suite inscrits à l'école.
Après quelques travaux de rafraîchissement, l'établissement doté d'une vingtaine de places est prêt en trois semaines. Dès les premiers jours, l'accueil est bienveillant. Une commerçante leur apporte un bouquet de fleurs tandis que deux clients font le déplacement depuis Chalon-sur-Saône pour venir goûter leurs mets.
A la recherche d'un avenir meilleur
Quand les Asfar décident de quitter la Syrie fin 2014, les conditions de vie à Alep sont devenues trop difficiles.
"Nous avons perdu notre travail et la maison que nous faisions construire", explique Rima, qui enseignait les arts plastiques tandis que son mari était directeur commercial d'un groupe japonais et organisateur d'événements familiaux.
Elle évoque également le danger au quotidien, les bombardements sur la ville, les hôpitaux, les écoles...
Dans l'avion qui la conduit à Paris, la famille, munie d'un simple visa touristique, n'a aucune idée de ce qui l'attend. "On voulait une seule chose: trouver du travail, n'importe quel travail pour offrir un avenir meilleur à nos enfants".
Les Asfar séjournent quelques semaines en région parisienne puis à Nancy, avant de trouver un logement à Toul, prêté par "Madame Anne". Plusieurs associations leur viennent en aide et, six mois après leur arrivée, ils obtiennent le statut de réfugiés.
Rima parle très bien le français qu'elle a appris en Syrie. César, lui, doit apprendre.
Les mois passent mais ils ne trouvent pas de travail. "Nous étions fatigués de chercher et stressés pour l'avenir", se remémore la jeune femme.
A ce moment-là, "Madame Anne" leur a apporté "un soutien humanitaire et psychologique très fort", relatent les parents de Rima, en visite à Tournus. Eux vivent toujours dans la partie Ouest d'Alep mais leurs trois enfants sont partis à l'étranger. "Nous avons un fils à Toulouse et un autre à Beyrouth".
Malgré l'éloignement, ils ne regrettent pas le choix de leurs enfants. "On sait qu'ils sont en sécurité. En Syrie, ce n'était pas le cas. Rima et César ont vu tomber un obus à 40 mètres d'eux".
Rima et César Asfar n'auraient jamais imaginé tenir un jour un restaurant en France.
"Nous sommes très heureux. Maintenant, nous avons l'espoir d'une vie meilleure", confie le couple ravi de travailler côte à côte.
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