Leurs points communs : la construction d'une communauté de fidèles autour de choix éditoriaux très marqués, qui les différencient des médias généralistes.
Ainsi Spicee a choisi le créneau du reportage vidéo, "Les Jours" sélectionnent quelques sujets phare racontés par épisodes, Cheek couvre l'actu d'un oeil féministe, d'autres parient sur l'info locale comme Mediacités ou Essonne Info, proposent une ligne éditoriale d'opinion comme Atlantico, classé à droite. Sans oublier les sites spécialisés, les plus nombreux, comme NextImpact dans le numérique, Contexte dans les politiques publiques ou The Conversation qui vulgarise des études de chercheurs.
"Le secteur est en ébullition", s'enthousiasme Jean-Christophe Boulanger président du Spiil (Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne) et de Contexte. "Il y a beaucoup de créations et très peu de mortalité, et l'immense majorité des 150 adhérents du Spiil est rentable".
Ils sont cinq fois plus nombreux qu'il y a 5 ans : la CPPAP (Commission Paritaire des publications et agences de presse) a recensé 906 sites d'info en 2015, dont 391 pure players, contre 189 sites en 2010.
Comme Mediapart, les pure players optent de plus en plus pour un modèle d'abonnement mensuel.
Modèle qui a permis à Mediapart de devenir le plus grand média en ligne indépendant et rentable, porté par des scoops comme la révélation des comptes offshore de Jérôme Cahuzac.
Le site créé par Edwy Plenel en 2008 affiche 128.000 abonnés (+10.000 cette année) et emploie le nombre impressionnant de 75 CDI. "La croissance est quotidienne et régulière, nous dépasserons bientôt les 130.000", a déclaré à l'AFP Edwy Plenel.
Malgré un redressement fiscal de plusieurs millions l'an dernier, Mediapart terminera 2016 encore dans le vert, avec un chiffre d'affaires d'environ 11,7 millions d'euros (+12,5%) et un résultat net de 1,8 million.
L'année 2016 a aussi vu se développer des nouveaux venus ambitieux, comme Spicee, né à la mi-2015, dédié aux grands reportages vidéo, qui compte déjà 6.000 abonnés pour une dizaine d'euros par mois,
Abonnements multiples ?
Lauréat de plusieurs prix de reportage, Spicee, fort d'une quinzaine de permanents mais qui travaille avec des dizaines de réalisateurs free-lance, vise l'équilibre en 2019 avec environ 20.000 abonnés, a expliqué à l'AFP son cofondateur Jean-Bernard Schmidt, ancien de M6.
Après avoir levé un million d'euros (auprès entre autres de Xavier Niel et Marc Simoncini), il travaille à une seconde levée de fonds de 7 à 10 millions d'euros "d'ici le printemps" notamment pour lancer des versions en plusieurs langues. Ce qui en ferait l'un des pure players les mieux financés.
Autre succès récent, "Les Jours", créé début 2016 par des anciens de Libération, qui compte déjà 6.800 abonnés à 9 euros par mois, avec une quinzaine de salariés. "Si nous restons dans cette configuration, nous atteindrons l'équilibre à 14/15.000 abonnés", a affirmé à l'AFP sa présidente Isabelle Roberts.
Outre une levée de fonds (de Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Marc-Olivier Fogiel, notamment), le site a recueilli 80.000 euros sur la plateforme KissKissBankBank et se diversifie en publiant des livres avec Le Seuil ("L'Empire" sur Vincent Bolloré et "Les Revenants" sur les jihadistes français).
Proposé à 4 euros par mois, "Arrêt sur Images" (9 salariés en CDI), né en 2007, compte actuellement 25.700 abonnés, selon son fondateur Daniel Schneidermann.
A l'inverse, 2016 a confirmé le déclin de Rue89 fondu dans le site de l'Obs.
Si le Huffington Post, codétenu par Le Monde, et des sites grand public à la frontière de l'information et du divertissement, comme Buzzfeed, Minutebuzz, racheté par TF1, ou OhMyMag, racheté par Prisma, vivent uniquement de publicité, d'autres pionniers du gratuit virent de bord : Slate France, né en 2009 et lourdement déficitaire, vient de lancer un service payant. Idem pour Atlantico.
L'avenir pourrait résider dans des abonnements multiples, comme celui que propose "La presse libre" qui permet de s'abonner à plusieurs pure players avec une ristourne.
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